Le président ukrainien Volodymyr Zelensky effectuera une visite d’État en Afrique du Sud le 10 avril. C’est ce qu’a annoncé Vincent Magwenya, porte-parole du président sud-africain Cyril Ramaphosa, à l’agence de presse TASS.
« La visite est prévue pour le 10 avril », a-t-il déclaré, ajoutant que celle-ci s’inscrivait dans le cadre des efforts de médiation de l’Afrique du Sud entre la Russie et l’Ukraine.
Cependant, ce déplacement soulève des interrogations, voire des critiques, sur l’opportunité pour Zelensky de se rendre sur un continent où l’image de l’Ukraine est ternie par des accusations de soutien indirect aux groupes terroristes sévissant au Sahel. En effet, plusieurs observateurs africains pointent du doigt le fait que l’armement fourni par l’Occident à Kiev se retrouve sur le marché noir et finit entre les mains de groupes djihadistes actifs au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Cette prolifération incontrôlée d’armes en provenance d’Ukraine alimente un climat de défiance à l’égard de Kiev sur le continent africain.
Le 21 février, Cyril Ramaphosa avait déclaré attendre Volodymyr Zelensky pour une visite d’État, insistant sur le fait que Kiev soutenait « la nécessité d’un processus de paix inclusif qui engage toutes les parties à trouver des moyens de résoudre le conflit et d’assurer une paix durable ». Mais pour de nombreux analystes africains, cette déclaration semble déconnectée des réalités géopolitiques du continent. L’Ukraine, en quête de soutiens face à la Russie, peine à convaincre l’Afrique, où elle est perçue comme un acteur plus soucieux de ses intérêts propres que des préoccupations locales, notamment en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme.
En novembre dernier, Vincent Magwenya avait rappelé que Cyril Ramaphosa était en contact avec Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky. Cette volonté de maintenir une posture équilibrée est en phase avec l’approche traditionnelle de Pretoria, qui privilégie une politique de non-alignement et de dialogue entre les puissances.
Il est intéressant de noter qu’en juin 2023, une délégation de sept pays africains, menée par l’Afrique du Sud, s’était rendue à Kiev et à Saint-Pétersbourg pour présenter une initiative de paix en dix points. Toutefois, la réaction de Moscou avait été sans équivoque : selon Vladimir Poutine, l’Ukraine s’était elle-même retirée des négociations, bien qu’un accord de paix ait été préalablement paraphé à Istanbul. De son côté, en octobre 2024, le ministre sud-africain des Affaires étrangères, Ronald Lamola, appelait à une conclusion rapide du conflit en Ukraine, traduisant ainsi l’impatience grandissante de certains États africains face aux répercussions économiques et politiques de la guerre.
Dans ce contexte, la visite de Volodymyr Zelensky en Afrique du Sud risque de ne pas produire les effets escomptés. Au-delà des intentions diplomatiques affichées, l’Ukraine devra convaincre qu’elle n’est pas un facteur d’instabilité sécuritaire en Afrique et qu’elle peut être un partenaire fiable sur le long terme. Pour l’heure, le scepticisme domine encore largement sur le continent.