La présidentielle de ce samedi 7 septembre en Algérie est-elle jouée d’avance ? Une chose est sûre, le chef de l’État sortant, Abdelmadjid Tebboune, est le grand favori à sa propre succession. Seule inconnue : le taux de participation. L’abstention avait battu des records (60%) lors de la présidentielle remportée en 2019 par Tebboune avec 58% des suffrages. Le scrutin s’était tenu pendant les manifestations massives pro-démocratie du Hirak.
« Le président tient à une participation importante. C’est le premier enjeu. Il n’a pas oublié qu’il a été élu en 2019 avec un taux faible. Il veut être un président normal, pas un président mal élu », souligne à l’AFP Hasni Abidi du Centre d’études Cermam à Genève.
Abdelmadjid Tebboune, 78 ans, part grand favori, car il est soutenu par quatre formations de premier plan qui ont scellé une alliance, parmi lesquelles l’ancien parti unique FLN (Front de libération nationale) et le mouvement islamiste El Bina, arrivé deuxième à la présidentielle de 2019.
Le deuxième concurrent, Abdelaali Hassani, un ingénieur des travaux publics de 57 ans, est le président du principal parti islamiste, le Mouvement de la société pour la paix (MSP), qui avait refusé de participer au scrutin de 2019.
Le troisième, Youssef Aouchiche, ancien journaliste et sénateur de 41 ans, est depuis 2020 le chef du Front des forces socialistes (FFS), un parti d’opposition historique, ancré en Kabylie (centre-est) qui boycottait les élections depuis 1999.
Les questions socio-économiques au cœur des débats
Les trois candidats ont axé leurs discours sur les questions socio-économiques, promettant d’améliorer le pouvoir d’achat et de redresser l’économie, afin qu’elle soit moins dépendante des hydrocarbures (95% des recettes en devises). En politique internationale, un consensus règne sur les causes palestinienne et sahraouie, défendues par tous les prétendants.
Abdelmadjid Tebboune affirme vouloir lors d’un deuxième mandat parachever son projet d' »Algérie nouvelle », estimant que son premier quinquennat a été amputé de deux ans, du fait de « la guerre contre le Covid-19 et la corruption » de son prédécesseur. Lors d’un dernier meeting de campagne mardi à Alger, il a promis plus d’investissements et d’emplois, pour faire de l’Algérie « la deuxième économie en Afrique », derrière l’Afrique du Sud.
De son côté, le candidat du FFS s’est engagé à « libérer les prisonniers d’opinion par le biais d’une amnistie et à réexaminer les lois injustes (sur le terrorisme ou les médias, ndlr) » votées ces dernières années. Celui du MSP prône, lui, « le respect des libertés réduites à néant ces dernières années » après l’extinction du Hirak.
Parmi les habitants, les attentes sont mitigées. Certains espèrent une amélioration du pouvoir d’achat alors que la rentrée scolaire approche quand d’autres, désabusés, sont indifférents aux joutes électorales.