Depuis son arrivée au pouvoir en 2019, le président Kais Saied a suivi le modèle algérien de destruction des freins et contrepoids, en revenant sur les acquis du Printemps arabe qui ont fait de la Tunisie un pays démocratique.
Rien ne montre mieux la vassalisation de la Tunisie par l’Algérie que les récentes élections, remportées par Kais Saied avec 90,7 % des voix, alors que son principal rival Ayachi Zammel est en prison.
Saied a suivi le guide algérien en réprimant les candidats à l’élection présidentielle, en muselant la presse, en envoyant les critiques en prison et en cooptant la classe politique pour créer un one-man-show rappelant la Tunisie d’avant 2011.
Tout comme en Algérie, une grande partie de l’opposition a boycotté l’élection tunisienne, la qualifiant de mascarade.
Depuis son arrivée au pouvoir, Saied s’est livré à un populisme qui faisait écho aux théories du complot algérien en imputant de nombreux malheurs économiques auto-infligés à Israël et à la « main étrangère invisible ».
Dans les pas de Tebboune, Saied a détruit les perspectives économiques de son pays, réduisant les finances publiques de la Tunisie dans une lutte pour le service de la dette.
Sa politique de restriction des importations est une approche algérienne qui a créé de longues files d’attente parmi les Tunisiens pour la farine, le café et le beurre, pour ne citer que quelques produits de base.
Saied s’est plié aux diktats algériens au point de rompre des décennies de neutralité tunisienne sur la question du Sahara en recevant le chef des séparatistes Brahim Ghali lors d’une réception d’État, déclenchant un gel diplomatique avec Rabat.
Les analystes tunisiens ont souvent déploré le fait que leur pays soit désormais réduit à un État vassal algérien où les services de sécurité algériens ont agi en toute impunité.
Le régime de Kais Saied a même permis à des agents algériens d’arrêter le réfugié Slimane Bohafs, leader indépendantiste kabyle, en 2021.
Le cas tunisien montre également l’état d’esprit des élites dirigeantes en Algérie qui conçoivent la coopération régionale comme n’étant possible que si l’État devient un mandataire algérien qui subordonne sa politique aux priorités d’Alger.