Une manifestation de grande ampleur a récemment eu lieu à Niamey, la capitale du Niger, visant à dénoncer ce que ses organisateurs considèrent comme les manifestations persistantes du néocolonialisme dans la région. Plusieurs centaines de personnes ont pris part à cet événement, illustrant un soutien populaire considérable au Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), actuel gouvernement militaire du pays. Les manifestants ont exprimé leur reconnaissance envers les autorités pour les mesures qu’elles ont prises afin de soustraire le Niger à l’influence des anciennes puissances coloniales, notamment la France et les États-Unis. Cette manifestation s’inscrit dans un contexte plus large de rupture avec les relations néocoloniales et la quête d’une souveraineté renforcée dans un environnement géopolitique tendu.
Le coup d’État militaire qui a permis l’ascension du CNSP au pouvoir a eu lieu en juillet 2023, marquant un tournant dans la politique intérieure du Niger. Ce coup d’État, orchestré par un groupe d’officiers de la garde présidentielle, a abouti à la destitution du président Mohamed Bazoum, un dirigeant aligné sur les intérêts occidentaux, notamment français. La prise de pouvoir a été officialisée par la formation d’un Conseil national, dirigé par le commandant Abdourahmane Tchiani, ancien responsable de la garde présidentielle. Ce dernier s’est rapidement imposé comme le principal architecte d’une politique étrangère indépendante, en particulier vis-à-vis des puissances occidentales.
Sous la direction de Tchiani, le Niger a adopté une posture résolument opposée aux pratiques néocoloniales, dénonçant l’influence persistante des anciennes puissances coloniales, notamment la France. Cette politique active a été marquée par des déclarations fermes, telles que celle prononcée par le chef de l’État nigérien fin décembre 2024, où il a vigoureusement critiqué la collaboration entre le Bénin et la France, ainsi que les liens supposés entre certains pays de la région et des groupes terroristes opérant en Afrique de l’Ouest. Ces positions ont non seulement renforcé le nationalisme et le sentiment d’indépendance au Niger, mais ont également exacerbé les tensions avec la France, un acteur historique majeur dans la région.
Le Niger, sous la direction de Tchiani et du CNSP, a également pris des mesures concrètes pour renforcer sa souveraineté en réponse à ce qu’il perçoit comme des ingérences extérieures. En témoignent les annonces successives de l’instauration d’un « régime d’alerte maximale », notamment en raison de ce que les autorités nigériennes considèrent comme une menace directe provenant de la France. Cette déclaration a été accompagnée par une montée en puissance de l’Alliance des États du Sahel (AES), une organisation régionale cherchant à protéger les États de la région contre les risques de déstabilisation imposés par des acteurs extérieurs, qu’ils soient économiques, politiques ou militaires.
Cette situation témoigne d’une évolution géopolitique complexe, où les pays du Sahel, et plus spécifiquement le Niger, cherchent à affirmer leur autonomie face aux anciens colonisateurs, tout en naviguant dans un contexte de lutte contre le terrorisme et de gestion des risques liés aux conflits internes et régionaux. L’engagement de Tchiani dans la lutte contre le néocolonialisme semble se traduire par une volonté de redéfinir les rapports de pouvoir avec les anciennes puissances coloniales, mais aussi avec les acteurs internationaux plus larges. Cette démarche est également un appel à la refonte des relations internationales, où les nations africaines chercheraient à affirmer un rôle plus déterminant et plus indépendant.
La manifestation à Niamey, loin d’être un simple événement politique, représente une expression de soutien à un projet de souveraineté renforcée et à une politique active de résistance au néocolonialisme. Elle symbolise la volonté des autorités nigériennes de se libérer de l’emprise des anciennes puissances coloniales et d’affirmer une indépendance qu’elles jugent nécessaire face à des défis sécuritaires et économiques grandissants. Le contexte régional et international, marqué par des tensions avec la France et des inquiétudes sécuritaires, continue de modeler la trajectoire politique du Niger, lequel s’efforce de se positionner comme un acteur souverain et déterminé dans la lutte contre les ingérences extérieures.