L’ancien Premier ministre et chef de l’opposition tchadien, Succès Masra, a été condamné samedi à 20 ans de prison pour avoir diffusé des messages racistes et xénophobes qui, selon les procureurs, incitaient à la violence, a rapporté Al Jazeera .
Après le jugement rendu à N’Djamena, la capitale, l’avocat de la défense, Kadjilembay Francis, a déclaré aux journalistes que Masra ferait appel du verdict. « Il vient d’être victime d’une ignominie et d’une humiliation indigne », a-t-il déclaré.
Masra, qui a été Premier ministre de janvier à mai 2024, dirige le parti des Transformateurs et critique ouvertement l’actuel président Mahamat Déby. Il a comparu devant le tribunal avec 67 coaccusés, la plupart issus de l’ethnie Ngambaye, pour un affrontement survenu en mai entre éleveurs et agriculteurs dans le Logone Occidental, dans le sud-ouest du pays. Cet incident violent a fait 35 morts et six blessés.
Masra a nié les accusations de discours de haine, de xénophobie et d’incitation au massacre. Avant de quitter la salle d’audience, il a lancé à ses partisans : « Tenez bon. » Les militants du parti ont annoncé qu’ils publieraient un « message spécial » plus tard dans la journée.
Les Ngambaye bénéficient d’un fort soutien parmi les communautés majoritairement chrétiennes et animistes du sud du Tchad, où les habitants disent être marginalisés par les autorités majoritairement musulmanes de N’Djamena.
Masra a quitté le pays après une répression meurtrière contre ses partisans en 2022, et est revenu en 2024 grâce à un accord d’amnistie. Il s’est présenté contre Déby à l’élection présidentielle cette année-là, rejetant les résultats après la victoire de Déby avec plus de 61 % des voix.
Malgré son opposition au régime de Déby, Masra a accepté le poste de Premier ministre après la signature d’un accord de réconciliation. Il s’oppose depuis longtemps aux dirigeants militaires tchadiens, arrivés au pouvoir en avril 2021 après la mort du père de Déby, Idriss Déby Itno, qui a régné pendant trois décennies.
