Au Sénégal, la confirmation par le Fonds monétaire international (FMI) qu’une partie de la dette du pays a été sciemment sous-estimée et dissimulée par l’administration précédente – pour un montant d’environ 7 milliards de dollars – continue de faire réagir. Comment le Sénégal en est-il arrivé à une telle situation ? Et comment le pays peut-il sortir de cette crise financière extrêmement fragile ?
Si le FMI reconnaît l’existence de « graves lacunes dans le contrôle budgétaire et la reddition des comptes », ainsi qu’une partie de la dette dissimulée et des « déclarations erronées », l’institution financière reste silencieuse sur sa propre responsabilité dans cette crise. Une posture impensable pour l’ancien banquier à la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et économiste Magaye Gaye. « Il faut que le FMI se justifie dans ce qu’il s’est passé, il y a eu un manque de vigilance », fustige-t-il.
De son côté, le Fonds monétaire international exige que le Sénégal prenne des mesures correctrices et assainisse ses finances publiques. Une condition avant d’envisager un nouveau prêt au pays, notamment en baissant les subventions à l’énergie.
Une perspective qui inquiète Elimane Haby Kane, dirigeant du think tank Legs Africa, en raison de son impact social. « Enlever les subventions, ça va avoir un autre impact quand même. Ça va transférer la crise financière sur le plan social, c’est ça le risque. C’est-à-dire que les hommes ne vont plus supporter la cherté de la vie et ça risque de se transformer en un front social. Comme la situation au Kenya : c’est parce que l’État a levé la fiscalité qu’il y a eu des émeutes. »
Dans l’immédiat, le Sénégal espère négocier une dérogation pour ne pas avoir à rembourser immédiatement le FMI et pouvoir emprunter à nouveau, arguant de sa bonne foi après avoir publié l’état de ses finances.
Le FMI, qui a terminé sa mission le 26 mars 2025, a salué dans un communiqué « l’engagement des autorités en faveur de la transparence et de la redevabilité budgétaire » et souligné l’urgence de mettre en œuvre « des réformes structurelles ». Les discussions sur un nouveau programme de prêt débuteront « dès que des mesures correctrices auront été engagées pour remédier aux déclarations erronées », ajoute le FMI dans son communiqué, sans préciser de date.