Face à l’isolement diplomatique imposé par la CEDEAO et l’absence d’un soutien régional pour lutter contre le terrorisme, le Burkina Faso a choisi de renforcer son autonomie stratégique. L’un des piliers de cette politique repose sur le développement de drones militaires, considérés comme des atouts majeurs dans la guerre asymétrique menée contre les groupes armés.
Le Burkina Faso a accéléré son programme de fabrication locale de drones en inaugurant en janvier une unité de production dédiée, sous l’impulsion du président Ibrahim Traoré. Cette initiative vise à réduire la dépendance aux fournisseurs étrangers et à garantir un approvisionnement en matériel de surveillance et d’attaque adapté aux réalités du terrain.
En parallèle, un centre de formation pour pilotes de drones a été lancé en 2024 afin de doter les forces armées de compétences locales dans l’usage et l’entretien de ces appareils. L’Agence d’innovation de défense et de sécurité (AIDS) joue un rôle central dans ce projet, avec la conception de drones adaptés aux besoins des forces burkinabés. Parmi eux, le modèle «Konomba», utilisé principalement pour des missions de reconnaissance et de surveillance, constitue une première étape vers une industrie de défense autonome.
Si le Burkina Faso investit dans sa propre production, il n’en néglige pas pour autant l’acquisition de technologies avancées auprès de partenaires étrangers. Ces derniers mois, le pays a renforcé son arsenal avec l’achat de drones turcs Bayraktar TB2 et Akinci, connus pour leur efficacité en opérations de contre-insurrection. Ces appareils offrent aux forces burkinabés des capacités accrues en matière de renseignement, de frappes de précision et de surveillance des vastes zones sous menace djihadiste.
Une réponse aux sanctions de la CEDEAO et aux pressions internationales
Cette stratégie militaire s’inscrit dans un contexte où le Burkina Faso fait face à une double menace : l’extension des attaques terroristes et les pressions diplomatiques. L’exclusion du pays des mécanismes d’appui sécuritaire de la CEDEAO, conjuguée aux sanctions économiques, complique l’accès aux équipements militaires et limite les options de coopération internationale. En conséquence, les autorités burkinabés ont adopté une approche proactive, privilégiant les partenariats bilatéraux avec des États comme la Turquie, la Russie ou l’Iran, tout en développant des solutions endogènes.
Le recours aux drones s’avère être un levier essentiel pour compenser l’absence d’un soutien multilatéral et réduire la vulnérabilité des troupes engagées sur le terrain. Grâce à ces avancées, le Burkina Faso espère non seulement renforcer l’efficacité de ses opérations militaires, mais aussi envoyer un signal fort : celui d’un pays résolu à assurer sa sécurité par ses propres moyens, malgré l’hostilité de certains acteurs régionaux.