Le président tunisien Kaïs Saïd a prononcé un discours enflammé, réaffirmant sa détermination à défendre la souveraineté de son pays face aux pressions extérieures. « Je ne crains rien d’autre qu’Allah, le Seigneur des mondes », a-t-il déclaré, suscitant des réactions vives au sein de la classe politique tunisienne et sur la scène internationale.
Cette déclaration, lourde de symboles, laisse entendre que le président tunisien serait prêt à aller jusqu’au sacrifice suprême pour protéger l’indépendance de la Tunisie. Certains observateurs y voient un signe de radicalisation du discours politique de Kaïs Saïd, tandis que d’autres saluent sa fermeté face aux tentatives de déstabilisation.
Depuis son élection en 2019, Kaïs Saïd a multiplié les mesures controversées, notamment la dissolution du Parlement en juillet 2021 et la concentration des pouvoirs entre ses mains. Cette dérive autoritaire a suscité des critiques aussi bien à l’intérieur qu’à l’étranger, des voix accusant le président de saper les acquis démocratiques de la révolution de 2011.
Parallèlement, la Tunisie fait face à une crise économique sans précédent, marquée par une inflation galopante, un taux de chômage élevé et une dette extérieure croissante. Cette situation a forcé le gouvernement à engager des négociations avec des bailleurs de fonds internationaux, notamment le Fonds monétaire international (FMI), ce qui alimente les craintes d’une perte de souveraineté économique.
Le président Saïd a régulièrement pointé du doigt des ingérences extérieures dans les affaires tunisiennes, sans pour autant nommer explicitement les pays ou les organisations impliqués. Ses déclarations laissent toutefois entendre une méfiance croissante envers certaines puissances occidentales, accusées de vouloir influer sur la politique tunisienne.
Cette posture a également entraîné un isolement diplomatique progressif de la Tunisie, avec des relations tendues avec plusieurs partenaires traditionnels, dont l’Union européenne et les États-Unis. Cependant, le président Saïd semble déterminé à maintenir une ligne de conduite intransigeante, affirmant la souveraineté nationale au-dessus de toute considération internationale.
Vers un sacrifice pour la nation ?
La référence explicite de Kaïs Saïd à son absence de crainte, sinon devant Allah, a été interprétée par certains comme une volonté de se présenter en martyr potentiel pour la cause tunisienne. Cette rhétorique dramatique, inhabituelle pour un chef d’État, pourrait viser à galvaniser ses partisans tout en dissuadant ses opposants intérieurs et extérieurs.
Cependant, cette escalade verbale risque de polariser davantage la société tunisienne, déjà divisée sur la question des réformes politiques et économiques. Alors que certains saluent le courage du président, d’autres s’inquiètent des conséquences d’une telle radicalisation, craignant une détérioration de la situation politique et sociale.
Dans ce contexte tendu, l’avenir de la Tunisie reste incertain. Le pays, berceau du printemps arabe, est confronté à des défis économiques, sociaux et politiques majeurs. La position du président Saïd, bien que ferme, pourrait exacerber les tensions internes et complique les relations internationales.
La question demeure : la Tunisie pourra-t-elle trouver un équilibre entre la défense de sa souveraineté et la nécessité de coopérer avec la communauté internationale pour surmonter ses crises ? Ou bien cette posture intransigeante conduira-t-elle à un isolement accru, au risque de plonger le pays dans une instabilité encore plus grande ?