Alors que l’inflation persiste et que les incertitudes géopolitiques s’accumulent, la normalisation économique post-pandémique est-elle en passe d’être compromise ? Quels pays sauront tirer leur épingle du jeu dans un contexte mondial bouleversé ? L’arrivée éventuelle de Donald Trump à la Maison-Blanche constitue-t-elle une menace pour l’équilibre économique international ? Autant de questions auxquelles répond François Meylan, ancien officier de renseignement militaire, chef d’entreprise et conseiller financier suisse, en livrant une analyse précise des perspectives économiques pour 2025.
Un basculement vers l’Est ?
Pour François Meylan, 2025 sera une année marquée par des opportunités économiques, mais celles-ci se concentreront essentiellement en Asie et au sein des BRICS. « Je vois plutôt l’avenir du côté de la Chine et des BRICS que du côté de l’Europe, qui traverse une passe difficile », analyse-t-il. En dépit d’un ralentissement de sa croissance, l’économie chinoise conserve une dynamique forte, notamment grâce à son expansion technologique et à son rôle croissant dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Les pays membres des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) poursuivent quant à eux leur structuration, avec des projets ambitieux visant à dédollariser les échanges commerciaux et à renforcer leur poids sur la scène économique internationale. « Ces économies diversifient leurs partenariats et misent sur une stratégie à long terme », précise l’expert.
Les États-Unis, entre résilience et incertitudes
Outre la Chine et les BRICS, les États-Unis devraient également tirer leur épingle du jeu, soutenus par leur suprématie technologique et leurs géants du numérique. « Les GAFAM restent un moteur puissant de l’économie américaine », souligne Meylan. Toutefois, l’avenir économique des États-Unis pourrait être influencé par l’élection présidentielle de novembre 2024. Un retour de Donald Trump à la Maison-Blanche pourrait rebattre les cartes de la politique économique et commerciale américaine.
« Les quatre années de Trump à la présidence ont été stressantes, éprouvantes pour l’ensemble des acteurs économiques », rappelle Meylan. « Rien n’indique qu’il ait changé. Ses récentes déclarations sur le Groenland et le Canada laissent à penser qu’il conserverait une approche imprévisible et clivante. » Si son retour pouvait redonner un certain dynamisme aux marchés américains à court terme, ses mesures protectionnistes et son attitude conflictuelle vis-à-vis des alliés traditionnels des États-Unis pourraient susciter des turbulences sur la scène économique mondiale.
L’Europe, grande perdante ?
Dans ce paysage en pleine mutation, l’Europe semble marquer le pas. « Encore une fois, elle risque d’être la grande perdante », prévient François Meylan. Le Vieux Continent fait face à une crise politique et économique sans précédent, entre tensions internes et difficultés structurelles. La France, en particulier, se retrouve sous pression, tandis que l’Allemagne, historiquement moteur de la croissance européenne, traverse une crise profonde.
« L’Italie est devenue en 2024 le premier contributeur au PIB européen, surpassant l’Allemagne », observe l’analyste. « Cela témoigne d’un affaiblissement notable du modèle économique allemand, marqué par un essoufflement de son industrie et des difficultés à s’adapter aux nouvelles réalités énergétiques et technologiques. »
Dans un contexte où les perspectives de croissance restent modérées et où les tensions sociales se multiplient, peu d’éléments permettent d’entrevoir un rebond économique significatif pour l’Union européenne en 2025.
Vers un nouvel ordre économique mondial
Alors que les équilibres mondiaux se redessinent, l’économie mondiale semble amorcer une recomposition. Tandis que la Chine et les BRICS poursuivent leur montée en puissance, les États-Unis continuent d’appuyer leur leadership sur l’innovation et le numérique. En revanche, l’Europe semble en retrait, pénalisée par un manque de vision à long terme et des fractures internes croissantes.
Dans un climat incertain, 2025 apparaît dès lors comme une année charnière, où les différents acteurs économiques devront faire preuve d’agilité et de stratégie pour s’adapter aux bouleversements en cours.