En déplacement officiel à Quito sur instruction du Roi Mohammed VI, le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita du Maroc participe ce week-end à la cérémonie d’investiture du président équatorien Daniel Noboa. Une visite hautement symbolique, sept mois après un tournant diplomatique majeur : le retrait par l’Équateur de sa reconnaissance de la « RASD » et son ralliement explicite au plan marocain d’autonomie au Sahara.

Cette présence marocaine au plus haut niveau diplomatique à l’occasion de la prise de fonction de Daniel Noboa n’a rien de fortuit. Elle s’inscrit dans le prolongement d’une dynamique diplomatique stratégique initiée en novembre 2024, lorsque Quito a suspendu sa reconnaissance de la pseudo-« République arabe sahraouie démocratique » (RASD) et exprimé son soutien clair à la solution d’autonomie proposée par le Maroc dans le cadre du processus onusien.

Un soutien qui redéfinit les équilibres diplomatiques en Amérique latine

Longtemps perçue comme l’un des bastions traditionnels du soutien au front Polisario en Amérique latine, l’Équateur a opéré une inflexion spectaculaire. En rejoignant le cercle croissant des pays d’Amérique du Sud favorables à l’option marocaine – aux côtés de la Colombie, du Paraguay ou encore du Chili – Quito contribue à l’effritement progressif du front pro-Polisario dans la région.

Ce basculement s’inscrit dans une lecture renouvelée des équilibres géopolitiques, mais aussi dans une volonté pragmatique de diversifier les partenariats stratégiques. Le Maroc, grâce à une diplomatie active et cohérente, consolide ainsi ses appuis au sein des forums latino-américains et ouvre la voie à de nouvelles coopérations Sud-Sud.

Des représailles algériennes à portée économique limitée

Ce réalignement équatorien n’a toutefois pas été sans conséquences. Alger, principal soutien du Polisario, a réagi en suspendant unilatéralement ses importations de bananes équatoriennes. Une mesure de rétorsion politique qui a rapidement produit des effets… inattendus. Le marché algérien, fortement dépendant de ces importations, a vu les prix de la banane s’envoler pour atteindre jusqu’à 6 euros le kilo sur les étals, alimentant les tensions sociales et les critiques internes contre la posture diplomatique du régime.

Cette manœuvre algérienne, perçue comme punitive mais autodestructrice, illustre les limites d’une diplomatie fondée sur le chantage économique. En retour, elle renforce la résilience commerciale de l’Équateur, qui a rapidement trouvé d’autres débouchés, notamment en Europe, en Asie et en Afrique.

La visite de Nasser Bourita à Quito pourrait également marquer le point de départ d’un approfondissement des relations bilatérales. Outre la convergence sur le dossier du Sahara, les deux pays explorent désormais des pistes de coopération économique, énergétique et logistique. L’expertise marocaine dans l’agriculture, les engrais, les énergies renouvelables et les ports pourrait intéresser un Équateur en quête de diversification et de partenariats sud-sud durables.

Dans un monde où la diplomatie se joue désormais sur des terrains multiples – de la reconnaissance politique aux échanges agricoles – le rapprochement entre Rabat et Quito illustre la capacité du Maroc à déployer une influence cohérente, fondée sur la stabilité, la projection économique et la diplomatie royale de proximité.

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