Nouvelle déclaration-choc de Donald Trump. L’ancien président américain, et candidat à l’élection présidentielle de novembre 2025, a affirmé ce lundi qu’il refuserait de participer au prochain sommet du G20 si l’Afrique du Sud ne mettait pas fin aux « persécutions » dont seraient victimes, selon lui, les Afrikaners blancs. Cette sortie intervient quelques heures après l’accueil, aux États-Unis, de 49 Sud-Africains d’origine néerlandaise affirmant avoir fui des violences ciblées.
Dans un contexte de campagne électorale tendue, Donald Trump a une nouvelle fois choisi la voie de la provocation. Par une déclaration relayée sur ses réseaux et largement reprise par les médias conservateurs américains, il conditionne sa participation au G20 à « une action immédiate du gouvernement sud-africain pour stopper les exactions contre la minorité afrikaner ».
Sans avancer de preuves concrètes, Trump évoque un prétendu « génocide » de cette population blanche descendante des colons néerlandais, souvent implantée dans les zones rurales d’Afrique du Sud. Selon lui, l’arrivée sur le sol américain d’un groupe de 49 Afrikaners blancs ce lundi — dont il s’est publiquement félicité — témoigne de l’ampleur du danger qu’ils fuient.
Le terme employé par Trump — « génocide » — a immédiatement suscité des réactions outrées. De nombreux observateurs y voient une manipulation politique visant à alimenter un agenda identitaire conservateur, au moment où la droite radicale américaine intensifie sa rhétorique anti-immigration… tout en défendant l’accueil de « réfugiés blancs » en provenance d’Afrique.
Depuis plusieurs années, certains cercles de l’extrême droite américaine colportent la théorie d’un « White Genocide » en Afrique du Sud, selon laquelle les fermiers blancs, et plus largement les descendants des colons afrikaners, seraient victimes d’un complot exterminateur. Ces allégations, largement réfutées par les institutions sud-africaines et les organisations internationales de défense des droits humains, sont régulièrement recyclées à des fins de propagande.
L’Afrique du Sud entre indignation et prudence diplomatique
À Pretoria, les premières réactions sont empreintes d’incrédulité. Le ministère des Affaires étrangères sud-africain a qualifié les propos de Trump de « déclarations sans fondement, dangereuses et irresponsables ». Des diplomates sud-africains s’inquiètent en privé de l’impact de cette prise de position sur les relations bilatérales, notamment si Trump devait revenir au pouvoir.
D’autant plus que cette menace de boycott du G20 — sommet prévu pour le mois de novembre à Rio de Janeiro — intervient dans un moment où l’Afrique du Sud cherche à affirmer sa stature internationale, après avoir accueilli avec succès le sommet des BRICS à Johannesburg en 2023. La posture trumpienne, jugée ouvertement hostile, pourrait créer une ligne de fracture au sein du G20, où les grandes puissances du Sud global, dont l’Afrique du Sud est un porte-voix, affirment de plus en plus leur autonomie vis-à-vis des agendas occidentaux.
En réalité, cette déclaration s’inscrit avant tout dans un contexte intérieur américain. Donald Trump tente de reconsolider sa base électorale, notamment dans les États ruraux et conservateurs sensibles aux thèses du « grand remplacement » et aux récits de déclin de l’Occident. En mettant en scène l’accueil de « réfugiés blancs persécutés », il active un imaginaire de défense de la civilisation occidentale qui parle à son électorat.
Cette stratégie n’est pas nouvelle. Déjà en 2018, Trump avait ordonné une enquête sur les violences contre les fermiers blancs en Afrique du Sud, s’attirant alors les foudres de Pretoria. Mais jamais jusqu’ici il n’avait lié ce dossier à un sommet international majeur.
Un précédent diplomatique potentiellement déstabilisateur
La mise en condition d’un rendez-vous multilatéral comme le G20 à des exigences unilatérales et idéologiques constitue un précédent préoccupant pour les équilibres diplomatiques globaux. Si d’autres dirigeants venaient à suivre l’exemple de Trump, les forums de gouvernance mondiale pourraient devenir otages d’agendas électoraux nationaux.
L’Afrique du Sud, de son côté, pourrait chercher à rallier ses partenaires du Sud global face à ce qu’elle perçoit comme une tentative de chantage politique. Dans cette perspective, l’incident Trump ne serait pas seulement une provocation médiatique : il pourrait devenir le révélateur d’une fracture grandissante entre visions concurrentes du monde.