Par une déclaration au ton ferme, le ministre burkinabè de la Communication, Jean Emmanuel Ouédraogo, a lancé un appel solennel à la communauté internationale. Pointant du doigt le rôle trouble de certaines puissances étrangères, il exhorte l’Organisation des Nations Unies à sortir de son silence et à assumer pleinement ses responsabilités face à ce qu’il qualifie de “parrainage du terrorisme” dans la région sahélienne.
C’est une sortie qui tranche avec la prudence diplomatique habituelle. Le Burkina Faso, par la voix de Jean Emmanuel Ouédraogo, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, ne mâche plus ses mots. « L’ONU ne doit plus rester silencieuse face au parrainage du terrorisme dans le Sahel par certains pays dits puissants », a-t-il martelé, dénonçant une forme de complaisance, voire de complicité internationale vis-à-vis des groupes armés qui déstabilisent la région.
Loin d’une simple sortie rhétorique, cette déclaration reflète un changement de ton de plus en plus assumé de la part des États membres de l’Alliance des États du Sahel (AES). Lassés de ce qu’ils perçoivent comme l’inefficacité de la communauté internationale, les régimes militaires de Ouagadougou, Bamako et Niamey multiplient les prises de parole accusatrices à l’égard des grandes puissances occidentales, en particulier la France et les États-Unis, sans toujours les nommer. Le discours de Ouédraogo s’inscrit dans cette dynamique : celle d’un contre-récit visant à repositionner les États sahéliens comme victimes d’un terrorisme instrumentalisé à des fins géopolitiques.
Une demande de clarification morale
Au-delà des accusations, Jean Emmanuel Ouédraogo a insisté sur l’urgence d’un repositionnement éthique du discours onusien. « Un terroriste est un terroriste. Il est inconcevable d’user de termes qui puissent légitimer l’action du terroriste », a-t-il déclaré, fustigeant le recours à des expressions ambigües ou à des nuances sémantiques qui, selon lui, affaiblissent la lisibilité du combat antiterroriste.
Le Burkina Faso exige ainsi un langage clair, sans équivoque, qui ne prête pas à confusion sur la nature des menaces. En filigrane, la critique vise les rapports ambivalents de certaines chancelleries occidentales avec les groupes armés opérant au Sahel, dans le cadre de stratégies indirectes ou de calculs géostratégiques.
Un appel au courage diplomatique
La charge contre les silences onusiens ne se limite pas à une simple dénonciation. Elle s’accompagne d’une demande pressante de courage politique. « Nous souhaitons que les Nations Unies portent le message des nations en lutte pour leur souveraineté », affirme Ouédraogo. Autrement dit, que l’ONU cesse d’adopter une posture d’observateur distant et prenne ouvertement position aux côtés des États sahéliens confrontés à un terrorisme meurtrier et polymorphe.
Pour Ouagadougou, la neutralité affichée par certaines institutions internationales dans le traitement du conflit sahélien équivaut à une forme de trahison des principes fondateurs de la Charte des Nations Unies. Le discours du ministre vise donc à replacer la question de la souveraineté nationale — souvent marginalisée dans les approches sécuritaires — au centre du débat multilatéral.
Une rhétorique de rupture
Ce discours s’inscrit enfin dans une logique plus large de rupture avec l’ordre international postcolonial. À travers ses prises de position, le Burkina Faso cherche à redéfinir ses alliances, à s’affranchir des tutelles historiques et à imposer un nouveau récit où les États africains ne seraient plus perçus comme de simples objets de politiques sécuritaires, mais comme des acteurs souverains, aptes à désigner leurs alliés et à définir leurs ennemis.
Dans ce cadre, l’ONU est sommée de choisir son camp. Soit elle incarne pleinement les idéaux de justice et d’indépendance qu’elle proclame, soit elle s’expose au risque de devenir, aux yeux des opinions africaines, une institution complice de l’inaction, voire de la duplicité.