Par leur visite conjointe sur la plateforme Grand Tortue Ahmeyim (GTA), les présidents Bassirou Diomaye Faye et Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani scellent l’entrée officielle du Sénégal et de la Mauritanie dans le club stratégique des exportateurs de gaz naturel liquéfié. Ce moment charnière illustre une coopération énergétique Sud-Sud sans précédent en Afrique de l’Ouest.

La scène est hautement symbolique. Ce jeudi, au large des côtes atlantiques, les chefs d’État sénégalais et mauritanien ont foulé ensemble les installations de la plateforme offshore Grand Tortue Ahmeyim, projet gazier transfrontalier emblématique. Par ce geste, Bassirou Diomaye Faye et Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani n’ont pas seulement inauguré une infrastructure énergétique. Ils ont affirmé, côte à côte, une ambition partagée de souveraineté économique et de maîtrise des ressources stratégiques.

GTA : un projet structurant pour une nouvelle ère énergétique

Fruit d’une coopération bilatérale inédite, le projet Grand Tortue Ahmeyim marque un tournant pour les deux pays riverains. Située à cheval sur la frontière maritime entre le Sénégal et la Mauritanie, la plateforme offshore incarne la promesse d’une exploitation conjointe équitable et durable d’un gisement estimé à plus de 15 trillions de pieds cubes de gaz. À pleine capacité, le projet devrait produire jusqu’à 2,5 millions de tonnes de GNL par an, avec un potentiel d’extension considérable.

Plus qu’un simple champ gazier, GTA est le premier jalon d’une politique de valorisation des ressources nationales tournée vers l’exportation tout en garantissant l’approvisionnement domestique. Ce double levier pourrait non seulement renforcer les équilibres macroéconomiques, mais aussi répondre aux besoins croissants en énergie des populations et des industries locales.

Une coopération Sud-Sud fondée sur la transparence et l’équité

La réussite du projet GTA repose sur un cadre de gouvernance bilatérale inédit en Afrique de l’Ouest, structuré autour de principes de transparence, de partage équitable des revenus et de pilotage commun. Les deux États ont su faire prévaloir l’intérêt général face aux logiques concurrentielles souvent observées dans l’exploitation des ressources transfrontalières. Ce partenariat incarne ainsi une nouvelle génération d’accords énergétiques, soucieux de préserver la souveraineté des États tout en favorisant la complémentarité.

Le signal est fort dans un contexte mondial où les ressources naturelles africaines sont encore trop souvent captées par des acteurs extérieurs selon des schémas d’export brut peu créateurs de valeur locale. Le Sénégal et la Mauritanie entendent rompre avec cette logique, en promouvant une gouvernance concertée, transparente et responsable de leur patrimoine énergétique.

Une promesse de prospérité partagée

Au-delà des perspectives d’exportation et des flux financiers attendus, le projet GTA pourrait jouer un rôle déterminant dans l’industrialisation des deux pays. En effet, l’accès sécurisé à une énergie moins coûteuse et moins carbonée constitue un atout stratégique pour attirer des investissements industriels, favoriser l’émergence d’écosystèmes de transformation locale et réduire la dépendance aux importations énergétiques.

Pour le Sénégal, dont l’économie repose encore en partie sur des sources d’énergie importées et instables, la disponibilité du gaz domestique ouvre des perspectives nouvelles en matière d’indépendance énergétique, de compétitivité industrielle et de soutien à la croissance. Côté mauritanien, l’enjeu est également crucial : GTA vient renforcer un tissu économique en pleine diversification, tout en créant des emplois qualifiés et des effets d’entraînement sur les services et les infrastructures.

Un moment historique, un cap stratégique

En foulant ensemble la plateforme GTA, les présidents Faye et El Ghazouani ont posé un acte politique fort. Dans un environnement géoéconomique marqué par une compétition accrue autour des ressources énergétiques, leur visite scelle un alignement stratégique rare, fondé sur la convergence des intérêts nationaux et régionaux. Ils signent ainsi l’entrée dans une nouvelle séquence historique, où le gaz devient un vecteur de souveraineté, de coopération et de transformation.

La scène n’est pas anodine : deux chefs d’État africains, jeunes, déterminés, conscients du poids des ressources dans l’avenir de leurs nations, affirment ensemble leur volonté de ne plus subir, mais de choisir leur destin énergétique. Grand Tortue Ahmeyim devient dès lors bien plus qu’un projet gazier. Il est le symbole d’un renversement de paradigme : celui d’une Afrique qui prend la main sur ses ressources, qui les transforme, et qui les met au service de ses peuples.

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