Depuis les années 1980, l’océan Atlantique est au cœur des initiatives de coopération régionale en Afrique. En 1989, à l’initiative du Maroc, fut créée la Conférence ministérielle entre les États riverains de l’océan Atlantique (COMHAFAT), rassemblant 22 pays, avec l’objectif de promouvoir la coopération halieutique régionale. Cette dynamique s’est poursuivie avec la Déclaration de Rabat (2009), posant les bases d’un cadre afro-atlantique visant à faire de cet espace un levier de développement politique, économique et social.
Depuis 2022, le Processus des États Africains de l’Atlantique (PEAA) a renforcé cette coopération en structurant des travaux autour de trois priorités stratégiques : dialogue politique et sécurité, économie bleue et connectivité maritime, et protection de l’environnement marin. Les ministres participants ont adopté des feuilles de route, notamment les Déclarations de Rabat I et II, et engagé la formulation de plans d’action concrets, sous l’égide du Secrétariat Permanent.
Le Maroc, acteur clé de cette initiative, mène plusieurs projets stratégiques. Le port de Dakhla Atlantique, avec un budget de 12,4 milliards de dirhams, ambitionne de devenir un hub régional reliant l’Afrique, l’Europe et les Amériques. La voie express Tiznit-Dakhla et le gazoduc Nigeria-Maroc, traversant 14 pays, illustrent également cette vision d’intégration régionale. D’autres projets incluent le développement de l’aquaculture à Sidi Ifni, la technopole de Foum El Oued, et l’expansion des énergies renouvelables dans les provinces du Sud.
Économie bleue et valorisation des ressources
L’économie bleue est une pierre angulaire de cette initiative, englobant la pêche, l’aquaculture, le transport maritime et l’exploitation des ressources marines. L’Union africaine (UA) et d’autres organismes estiment que l’Atlantique regorge d’opportunités économiques, avec un potentiel de croissance estimé à plusieurs milliards de dollars. Toutefois, la surexploitation des ressources, le manque d’investissements et les ingérences étrangères restent des défis majeurs.
L’essor de l’économie bleue africaine est freiné par des problématiques complexes : différends territoriaux, piraterie, pollution marine et impacts du changement climatique. Ces défis s’ajoutent à des lacunes institutionnelles et des politiques dépassées, limitant la capacité des États à exploiter durablement leurs ressources maritimes.
L’initiative afro-atlantique vise à transformer l’océan Atlantique en un espace de coopération durable et inclusif. Cela passe par la mise en œuvre de politiques coordonnées, le renforcement des infrastructures et une gestion efficace des ressources marines. Le Maroc joue un rôle moteur dans cette dynamique, consolidant sa position de hub régional tout en œuvrant pour l’intégration économique de l’Afrique.