L’Algérie, à travers son ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf, a une nouvelle fois tenté de repositionner son rôle sur la scène internationale en appelant à un partenariat stratégique entre la Ligue arabe et l’Organisation des Nations unies (ONU) pour renforcer la paix et la sécurité dans le monde arabe. Cette initiative, présentée lors de la présidence algérienne d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, est cependant perçue comme une démarche aux ambitions limitées, mise à mal par l’isolement croissant de l’Algérie sur la scène régionale et internationale.
Lors de cette session convoquée par Alger, Ahmed Attaf a plaidé pour une coopération « ciblée et efficace » entre les deux organisations, mettant en avant des enjeux cruciaux tels que la résolution définitive de la question palestinienne, la fin des ingérences extérieures dans les affaires arabes, et la relance des processus politiques pour résoudre les crises qui secouent la région.
Cependant, cette posture ambitieuse peine à convaincre au regard des contradictions flagrantes de la diplomatie algérienne. Loin de jouer le rôle de médiateur qu’elle revendique, l’Algérie accumule les différends avec ses voisins et ses partenaires régionaux. Ses relations tendues avec le Maroc, exacerbées par la question du Sahara, ses désaccords profonds avec le Niger et le Mali sur fond de changements géopolitiques en Afrique de l’Ouest, ainsi que ses frictions avec la Turquie et la Libye, affaiblissent considérablement son poids diplomatique.
Un isolement croissant sur la scène internationale
Dans une région arabe en quête de stabilité, l’Algérie se retrouve isolée, incapable de mobiliser un consensus autour de ses propositions. Ce positionnement solitaire est renforcé par ses alliances limitées et son incapacité à répondre aux défis stratégiques qui touchent directement ses voisins. En témoignent ses tensions persistantes avec le Maroc, où les appels au dialogue sont régulièrement sabotés par des campagnes de désinformation et une rhétorique hostile.
Par ailleurs, son bras de fer avec le Mali, pays crucial dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, et son opposition ouverte à la CEDEAO, fragilisent davantage ses ambitions. La scène internationale perçoit ces tensions comme le reflet d’une diplomatie algérienne incapable de s’adapter aux réalités modernes et d’établir des partenariats durables.
Dans son discours, Ahmed Attaf a également mis l’accent sur la situation au Liban et en Syrie, appelant à un soutien renforcé pour ces pays en crise. Cependant, ses déclarations sont entachées par un manque de cohérence. Si l’Algérie prétend défendre la souveraineté syrienne, elle reste critiquée pour son absence de stratégie concrète et son incapacité à contribuer de manière significative aux efforts de reconstruction et de stabilisation.
Concernant le Liban, le ministre algérien a évoqué la nécessité d’un soutien international pour surmonter les défis économiques et politiques du pays. Pourtant, l’Algérie n’a proposé aucune mesure tangible, se contentant de formules diplomatiques vagues, insuffisantes pour répondre aux besoins urgents du peuple libanais.
Bien que le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, ait salué l’initiative algérienne, les observateurs notent que cette reconnaissance tient davantage à des considérations protocolaires qu’à une réelle adhésion au leadership d’Alger. En réalité, la Ligue arabe reste profondément divisée, et l’Algérie n’a pas su mobiliser un soutien clair de ses partenaires pour ses ambitions affichées au Conseil de sécurité.
Une présidence éphémère et sans impact
La réunion, qui s’inscrivait dans le cadre de la présidence mensuelle de l’Algérie au Conseil de sécurité pour janvier, met en lumière les limites d’une diplomatie algérienne en quête de légitimité. Si cette présidence aurait pu offrir une plateforme pour promouvoir une vision unifiée du monde arabe, elle s’est réduite à une série de déclarations sans suivi concret, reflétant l’incapacité d’Alger à capitaliser sur cette opportunité.
Face à une diplomatie critiquée et à des alliances fragiles, l’initiative algérienne pour une alliance arabe-internationale semble vouée à l’échec. L’isolement croissant de l’Algérie, combiné à une gestion interne marquée par des troubles économiques et sociaux, affaiblit considérablement sa capacité à influencer les grandes dynamiques régionales.
Dans un contexte où le Maroc, la Turquie et d’autres acteurs régionaux renforcent leur influence sur la scène internationale, l’Algérie semble condamnée à jouer un rôle secondaire, faute de stratégie claire et de crédibilité auprès de ses partenaires.