Le Niger accueille du 6 au 10 janvier, à Niamey, un séminaire international d’envergure centré sur le néocolonialisme et le néolibéralisme en Afrique. Cet événement, organisé par l’Union nationale des syndicats du Niger (UNSN), réunit activistes, syndicats et acteurs de la société civile venus de tout le continent pour réfléchir à des pistes de sortie de la dépendance et de la domination économique.
Dès l’ouverture des travaux, Abdou Issaka, secrétaire général de l’UNSN, a rappelé avec conviction l’importance de ce moment de réflexion collective. “L’Afrique a le droit de tracer son propre chemin, de prendre ses propres décisions, sans ingérence étrangère”, a-t-il affirmé devant une salle comble. Pour lui, cette rencontre est bien plus qu’un débat intellectuel : elle constitue une plateforme pour catalyser un réveil africain face aux pratiques d’exploitation héritées du colonialisme, perpétuées par les mécanismes du néolibéralisme global.
Une Afrique « riche mais appauvrie »
Prenant la parole à son tour, Assoumane Abdou Harouna, gouverneur de la région de Niamey, a dressé un constat percutant : “Les Africains sont en réalité les riches les plus pauvres du monde et les pauvres, les plus riches du monde.” Par cette formule évocatrice, il a dénoncé le paradoxe d’un continent aux ressources naturelles abondantes mais dont les populations restent marginalisées dans le partage des richesses mondiales.
Le gouverneur a également mis l’accent sur la nécessité d’une prise de conscience collective et d’une mobilisation concertée : “Cette lutte nécessite une dynamique africaine responsable dont le carburant émanera des syndicats, des associations, des acteurs de la société civile.” Selon lui, ce sont ces structures, enracinées dans les réalités locales, qui doivent impulser le changement et s’opposer à des politiques dictées par des institutions internationales souvent perçues comme les relais d’un néocolonialisme économique.
Un moment de dialogue et d’espoir
Au-delà des discours, le séminaire se veut un espace de dialogue entre des approches diverses mais convergentes. Les participants discuteront de thèmes variés tels que les mécanismes d’endettement, les accords de libre-échange déséquilibrés, la privatisation des ressources publiques et l’impact des institutions financières internationales sur les économies africaines.
Des ateliers sont prévus pour élaborer des stratégies concrètes afin de renforcer la souveraineté économique des pays africains. Parmi les solutions explorées figurent la nécessité de repenser les politiques fiscales, de promouvoir des modèles de développement endogènes et de renforcer les solidarités panafricaines.
Pour les organisateurs, ce séminaire n’est pas une fin en soi mais le début d’une mobilisation élargie. “Nous espérons qu’à l’issue de cette rencontre, des propositions concrètes émergeront pour construire une Afrique véritablement indépendante”, a conclu Abdou Issaka, tout en appelant à une responsabilisation des dirigeants africains face aux attentes de leurs populations.
Un message d’émancipation pour les générations futures
Dans une Afrique où les fractures sociales et économiques restent exacerbées, ce séminaire apparaît comme une lueur d’espoir. Les discussions engagées à Niamey pourraient inspirer des dynamiques nouvelles à travers le continent. Pour les participants, il ne s’agit pas seulement de résister aux forces extérieures mais aussi de déconstruire les paradigmes internes qui freinent le progrès.
Le rendez-vous de Niamey s’inscrit ainsi dans une perspective historique. En s’appuyant sur les luttes passées et en construisant des alliances pour l’avenir, il ambitionne de redéfinir la trajectoire du continent. Une Afrique libre, souveraine et économiquement autonome n’est pas un rêve, mais une nécessité, martèlent les voix qui s’élèvent depuis ce séminaire.