Le climat de suspicion et d’intorence envers la France dans plusieurs pays d’Afrique sub-saharienne ne fait aucun sense apaiser
Rome
Deux épisodes, en ces derniers jours d’août, racontent bien à quel point le climat de suspicion, parfois d’insoliance, à l’égard de la France dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne ne fait aucun sentendre. Le premier a eu lieu en République démocratique du Congo (Rdc) le vendredi dernier, le 23 août, et a vu un conseiller pour la coopération et l’action culturelles de l’ambassade de France à Kinshasa. Selon des sources de « Jeune Afrique », un groupe d’individus – dont des policiers congolais – sont entrés dans sa résidence avec l’intention déclarée de « faire déloger » le diplomate. Le malheureux a été littéralement enlevé pendant trois heures et battu, au point d’être ensuite hospitalisé pour les soins nécessaires. Deux autres diplomates français affirment avoir été tirés, sans être blessés.
L’épisode est devenu de notoriété publique après quelques jours, et le lundi 26 août, l’ambassadeur de France Bruno Aubert a été personnellement reçu par le président Felix Tshisekedi et, séparément, par la ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, qui lui a présenté les « excuses de l’État congolais ». Dans un communiqué, les autorités de Kinshasa ont condamné « l’incident », précisant que parmi les auteurs de l’intervention violente figurent des « policiers et agents du ministère public », certains déjà en état d’arrestation. En relation avec les faits, cinq agents ont été arrêtés et un nombre indéterminé de représentants du gouvernement ont été suspendus : parmi eux le procureur général Jean-Placide Lusamba, qui a déclaré avoir autorisé une intervention pour évincer ses occupants de la représentation diplomatique sur la base d’une loi sur la propriété foncière datant de 2015. Plusieurs éléments peu clairs subsistent sur l’affaire, des doutes que les autorités congolaises ont promis de dissiper rapidement avec l’enquête ouverte.
Le manque de clarté est le seul élément commun avec le deuxième épisode, qui s’est produit au Burkina Faso. Dans le pays dirigé par la junte militaire d’Ibrahim Traoré, au pouvoir depuis le coup d’État de septembre 2022, un agent de sécurité français est en prison depuis environ deux semaines sans aucune communication officielle à ce sujet. C’est le quotidien français “Le Monde” qui le révèle. L’homme, connu sous le nom de Damien L., a été arrêté le 12 août à Ouagadougou pour une irrégularité de visa d’entrée dans le pays, où il était retourné pour accomplir une mission d’un mois, comme il le faisait depuis quatre ans. Embauché par une société minière australienne opérant au Burkina Faso, selon ce que « Le Monde » a appris, le quadragénaire était surveillé par les services secrets pour un passé de légionnaire qui a suscité l’intérêt et la suspicion de l’armée. Caporal intégré entre 2002 et 2007 au deuxième régiment de parachutistes étrangers (Rep) à Calvi, en Corse, le jeune homme se convertit suite à la sécurité privée, obtenant des contrats dans plusieurs pays (dont Haïti, Irak, Venezuela). Depuis 2020, il travaille au Burkina Faso en tant que consultant en sécurité dans le secteur minier.
Lors de sa dernière visite dans le pays africain, en août, Damien a été rapidement arrêté par des agents de la Direction de la sécurité de l’État (Dse) et sa chambre à l’hôtel Lancaster, une structure élégante également fréquentée par des paramilitaires russes déployés dans le pays, est perquisitionnée. Les téléphones et les ordinateurs ont été passés au tamis. L’homme a ensuite été transféré dans une villa utilisée comme lieu de détention par le Dse à Ouaga 2000, le quartier chic de la capitale. Selon des responsables burkinabé au courant du dossier, l’agent serait soupçonné de travailler pour les services secrets français, des allégations qui ont été démenties dans les bâtiments parisiens. Le ministère des Affaires étrangères n’a cependant pas officiellement commenté l’affaire. Son cas s’ajoute à la détention, toujours en cours, de quatre agents français de la Direction générale de la sécurité extérieure (Dgse), arrêtés début décembre 2023 à Ouagadougou pour des accusations d’espionnage et pour lesquels les négociations engagées depuis Paris n’ont pas encore eu d’effet.