À compter de l’été 2025, ou au plus tard en décembre de cette même année, les bases militaires permanentes françaises à Dakar, au Sénégal, cesseront leur activité. Cette annonce, faite par un haut responsable militaire du commandement des bases militaires françaises lors d’une interview exclusive accordée à un média sénégalais, vient confirmer une déclaration préalable du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye. En effet, dans son discours de fin d’année, ce dernier avait évoqué le retrait progressif des bases militaires étrangères, sans cependant en préciser les échéances exactes.
Ce retrait programmé s’inscrit dans un projet plus vaste de réorganisation des forces armées françaises en Afrique. Cette transformation, qui modifie en profondeur la présence militaire hexagonale sur le continent, fait partie d’une volonté stratégique de rééquilibrer les relations entre la France et ses partenaires africains, en particulier ceux de l’Afrique de l’Ouest. En effet, des pays tels que le Gabon et la Côte d’Ivoire seront également concernés par cette fermeture, marquant une rupture avec des décennies de présence militaire permanente.
Un responsable militaire, requérant l’anonymat, a précisé que ce retrait n’est pas simplement le résultat de décisions ponctuelles, mais s’inscrit dans une redéfinition globale de l’organisation militaire française. « Ce changement vise à revoir de manière structurelle le dispositif français en Afrique », explique-t-il. Depuis le 1er août 2024, un nouveau Commandement en Afrique a été institué, remplaçant les anciens États-majors basés à Dakar, Libreville, Abuja et N’Djamena, par un commandement unique installé à Paris. Cette évolution amorcée depuis plusieurs années prévoit la fermeture des bases permanentes d’Afrique de l’Ouest d’ici à 2025, et notamment celle de Dakar.
« À partir de l’été 2025, ou au plus tard en décembre de cette même année, il n’y aura plus de bases militaires permanentes françaises à Dakar », confirme le responsable militaire. Cette décision, qui affectera plusieurs pays de la région, marque un changement stratégique majeur, en cohérence avec la volonté de la France de transférer la gestion de ces bases aux autorités locales. Ces installations, au nom et au statut révisés, ne seront plus considérées comme des bases militaires françaises permanentes.
Les raisons de cette transformation sont multiples et reflètent un ajustement nécessaire face à l’évolution des perceptions et des dynamiques géopolitiques en Afrique. L’un des premiers principes mis en avant est la réduction de la visibilité des militaires français sur le continent, en particulier en Afrique de l’Ouest et Centrale. « Il y a un problème de perception, une incompréhension croissante parmi une partie de la population, notamment parmi les jeunes générations », explique notre source. La présence militaire française, notamment à travers ses bases permanentes, suscite un rejet grandissant, en raison de la mémoire coloniale toujours présente dans les esprits.
Un second principe, tout aussi essentiel, est la volonté de réduire l’empreinte permanente des forces françaises sur le continent. « Les bases fixes nous limitaient en termes de réactivité », poursuit le responsable militaire. Cette réorganisation vise à rendre les forces françaises plus agiles et mieux adaptées aux défis sécuritaires en constante évolution. Les bases permanentes, jugées trop rigides face aux nouvelles réalités du terrain, laisseront place à des installations plus flexibles, capables de s’ajuster rapidement aux besoins immédiats des forces armées françaises.
Enfin, ce changement traduit aussi une volonté de la France de s’adapter aux nouvelles perceptions et aux réalités géopolitiques du continent africain. « Pour les jeunes générations, nées après les années 90, la présence militaire française est perçue comme un anachronisme », explique le responsable militaire. Ce constat s’applique non seulement au Sénégal, mais également à d’autres pays comme la Côte d’Ivoire et le Gabon, où des interrogations croissantes se font entendre au sujet de la pertinence d’une telle présence militaire.
Certes, pour les générations plus âgées, cette présence faisait partie du paysage historique du pays, notamment dans le cadre des accords de défense signés après les indépendances. Mais, pour les jeunes générations, l’accumulation des années et des évolutions géopolitiques a remis en question la nécessité de maintenir ces bases permanentes sur le sol africain. « Les conditions évoluent tellement rapidement que nous n’avons d’autre choix que de transformer radicalement notre manière de concevoir nos partenariats avec les pays africains », ajoute-t-il.
Ce réaménagement marque un tournant décisif dans les relations entre la France et ses partenaires africains. En abandonnant progressivement le modèle des bases militaires permanentes, la France cherche à instaurer une coopération militaire plus souple, respectueuse des aspirations locales et en phase avec les dynamiques géopolitiques contemporaines. Ce retrait, symbolique de cette nouvelle approche, marque la fin d’une époque où la présence militaire française était perçue comme un pilier incontournable des relations franco-africaines.