En 2025, l’Afrique du Sud assumera la présidence du Groupe des 20 (G20), un forum intergouvernemental majeur, composé de 19 pays souverains, de l’Union européenne (UE) et de l’Union africaine (UA). Ce sommet, qui rassemble les principales économies mondiales, représente une occasion unique pour l’Afrique de renforcer son rôle sur la scène internationale. Cette présidence s’inscrit dans un contexte de changements géopolitiques majeurs, alors que le continent africain, longtemps sous-représenté, voit son influence grandir avec l’inclusion de l’Union africaine comme membre permanent du G20.
Le G20 a été créé en 1999 en réponse aux crises économiques mondiales, dans le but de coordonner la politique économique internationale et d’identifier des solutions aux défis globaux. Jusqu’à récemment, l’Afrique du Sud était le seul représentant du continent au sein du groupe, limitant ainsi la capacité de l’Afrique à peser sur les décisions influençant son avenir. Cependant, lors du 18e sommet du G20 en septembre 2023, un tournant majeur a été atteint : l’Union africaine a été acceptée comme membre permanent, portant ainsi le nombre total de membres à 21.
Cette décision, qui marque une reconnaissance accrue du rôle de l’Afrique dans la gouvernance mondiale, s’inscrit dans un contexte où les aspirations du continent, notamment celles de l’Afrique du Sud, sont de plus en plus visibles. En tant que première économie du continent, l’Afrique du Sud voit dans cette présidence une opportunité sans précédent de défendre les intérêts économiques, politiques et sociaux de l’Afrique.
Sous le thème « Solidarité, égalité et développement durable », la présidence sud-africaine du G20 s’inscrit dans une vision ambitieuse : transformer les défis du sous-développement en opportunités pour le continent. L’Afrique du Sud entend mettre en avant des réformes cruciales dans le système de gouvernance économique mondial, notamment en révisant les mécanismes du commerce multilatéral et de l’architecture financière internationale. L’objectif est clair : faire en sorte que le système international soit plus équitable, qu’il réponde mieux aux besoins de développement de l’Afrique et qu’il permette à cette dernière de libérer son potentiel économique.
La réforme de l’architecture financière internationale est au cœur de cette stratégie. En effet, l’Afrique fait face à des défis colossaux en matière d’infrastructures, avec un déficit d’investissements estimé entre 70 et 100 milliards de dollars. Un investissement équivalent à 6 % du PIB est nécessaire pour stimuler des taux de croissance à hauteur de 3 à 3,5 %, bien au-dessus de la moyenne mondiale. L’objectif pour l’Afrique du Sud est de mobiliser les ressources nécessaires à la concrétisation de ces investissements, en collaborant étroitement avec les pays membres du G20.
Un autre axe majeur de la présidence sud-africaine sera de favoriser l’intégration économique du continent à travers la Zone de libre-échange continentale africaine (AfCFTA). Ce projet ambitieux vise à libérer le potentiel commercial de l’Afrique, en facilitant les échanges intra-continentaux et en réduisant les barrières commerciales. La réussite de l’AfCFTA, qui constitue un marché de 1,3 milliard de personnes, est vue par l’Afrique du Sud comme une condition essentielle pour stimuler une croissance inclusive et pérenne. Le G20 représente donc une plateforme idéale pour renforcer cette initiative et attirer les investissements nécessaires pour la rendre pleinement effective.
Une politique climatique équitable
L’Afrique du Sud met également un accent particulier sur la question climatique, qui représente un défi majeur pour le continent. En raison de sa vulnérabilité aux changements climatiques, l’Afrique doit faire face à une double contrainte : celle de se développer tout en réduisant ses émissions de carbone. Le G20 offre une tribune pour plaider en faveur de politiques climatiques équitables, prenant en compte les différentes étapes de développement des pays africains. L’enjeu est de garantir que les taxes carbone et autres politiques environnementales n’aient pas un impact disproportionné sur les économies émergentes, souvent déjà fragilisées.
L’Afrique du Sud œuvre également à accélérer la transition énergétique sur le continent, en collaboration avec ses partenaires internationaux. L’Allemagne, dans le cadre de l’initiative du Pacte du G20 avec l’Afrique, a ainsi annoncé des investissements de 76 milliards de roupies pour soutenir cette transition énergétique d’ici 2030. Ces efforts se combinent avec l’objectif financier du Nouvel objectif collectif quantifié (NCQG), destiné à soutenir les pays en développement dans leurs actions climatiques après 2025, en complément des 100 milliards de dollars promis en 2009.
Face aux tensions géopolitiques actuelles, l’Afrique du Sud, avec son approche de diplomatie multilatérale, se positionne comme un acteur clé dans la promotion de la paix et de la stabilité internationale. Dans le cadre de sa présidence du G20, l’Afrique du Sud mettra en avant son engagement en faveur de la résolution pacifique des conflits et du respect des droits de l’homme. Une priorité qui se traduit par une politique étrangère fondée sur la neutralité et la médiation, tout en favorisant le dialogue constructif et l’inclusivité au sein des discussions internationales.
L’Afrique du Sud cherche à promouvoir une gouvernance mondiale plus représentative des intérêts des pays du Sud, et ce, dans un contexte marqué par la montée des tensions géopolitiques. En tant que membre de l’UA, elle jouera un rôle central dans la mise en œuvre de réformes visant à rendre les institutions multinationales plus efficaces et inclusives.