L’année 2025 s’ouvre sur des perspectives pour le moins alarmantes pour le continent africain. Les conflits armés, les épidémies, l’incertitude économique et les questions de sécurité demeurent des enjeux cruciaux auxquels l’Afrique devra faire face avec d’autant plus de vigilance.
Sur le front des conflits armés, 2025 s’annonce particulièrement complexe, notamment en Afrique centrale. Le conflit opposant le Rwanda à la République Démocratique du Congo (RDC), dans un contexte de tensions autour du groupe armé M23, s’intensifie dans le Nord-Kivu et à Goma, où les combats ont déjà fait près d’un millier de victimes. Cette flambée de violence s’inscrit dans une dynamique régionale plus large, marquée par l’instabilité persistante dans le Sahel. Les accusations portées par le Mali à l’encontre de la France, qu’il soupçonne de soutenir des groupes armés, illustrent la défiance croissante envers les anciennes puissances coloniales. Par ailleurs, le Nigeria est considéré par certains membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) comme une menace sécuritaire, exacerbant les tensions dans cette région déjà fragilisée.
Au nord du continent, la situation entre le Maroc et l’Algérie demeure tout aussi précaire. La question du Sahara occidental continue de polariser les relations bilatérales, Alger étant accusé d’ingérence dans les affaires internes du royaume chérifien. Le Mali, pour sa part, entretient des rapports tendus avec l’Algérie, qu’il accuse également d’immixtion dans ses affaires intérieures. La crise diplomatique entre Bamako et Alger atteint ainsi un niveau de tension sans précédent.
Par ailleurs, le Sahel est devenu un terrain d’affrontements géopolitiques où s’entremêlent des intérêts étrangers. L’Ukraine, par exemple, est accusée de tenter de déstabiliser la région, un fait illustré par la déclaration controversée de son ambassadeur au Sénégal, qui s’est réjoui des attaques de groupes armés contre des forces maliennes. Cette prise de position a été fermement condamnée par les autorités sénégalaises.
Sur le plan économique, 2025 présente également des défis majeurs. L’arrivée à la présidence des États-Unis de Donald Trump a entraîné l’interruption de l’aide de l’USAID, contraignant les pays africains à repenser leurs stratégies économiques et à s’orienter vers des leviers endogènes. Si cette nouvelle configuration offre une opportunité de réduction de la dépendance aux aides occidentales, elle n’en demeure pas moins un véritable défi pour des États dont le tissu industriel est défaillant et les systèmes de gouvernance gangrenés par la corruption.
Cependant, l’émergence de partenariats alternatifs, notamment avec les BRICS, conduit à un repositionnement stratégique du continent. La Russie et la Chine, en tête de proue de ce regroupement, apportent un souffle nouveau à des économies africaines en quête de diversification et de souveraineté. Le nombre croissant de demandes d’adhésion aux BRICS illustre la volonté de nombreux pays africains de tourner la page de la coopération avec les puissances occidentales, au profit de relations jugées plus équilibrées.
La santé constitue un autre enjeu crucial pour 2025. Le continent est confronté à des épidémies récurrentes et de plus en plus virulentes, telles que le MPOX, l’Ebola et d’autres maladies infectieuses. Face à ces menaces sanitaires, l’Afrique doit impérativement renforcer ses infrastructures de santé publique et améliorer sa résilience. L’expérience de la pandémie de Covid-19 a révélé les faiblesses structurelles des systèmes de santé africains, bien que des élans de solidarité, notamment de la part de la Chine et de certains pays africains comme le Maroc, aient permis d’atténuer les effets de la crise. Cette solidarité intra-africaine doit être consolidée pour prévenir de futures crises sanitaires et assurer une meilleure prise en charge des populations.
L’année 2025 s’annonce comme une période d’épreuves pour le continent africain, mais également comme une opportunité de réinvention et de consolidation de sa souveraineté politique, économique et sanitaire. La capacité des pays africains à relever ces défis déterminera en grande partie l’évolution géopolitique du continent dans les années à venir.