lundi, août 25

La scène semble sortie d’un récit où les hiérarchies diplomatiques s’affichent sans fard : des dirigeants européens, assis comme des élèves appliqués, écoutent la leçon du président américain Donald Trump. L’image, saisissante, illustre la dépendance croissante de l’Union européenne (UE) vis-à-vis de Washington dans un monde désormais façonné par le retour assumé à l’unilatéralisme américain.

Le contraste est frappant. Tandis qu’Emmanuel Macron, gestes en retrait, donne l’impression d’un élève consentant, Donald Trump impose sa posture de chef unique de l’ordre international. Le message est limpide : les grandes décisions concernant la sécurité mondiale, la confrontation avec la Russie ou encore la gestion des équilibres économiques globaux ne se prennent pas à Bruxelles, ni même à Paris ou Berlin, mais bien dans le Bureau ovale. Les Européens se retrouvent ainsi relégués à un rôle secondaire, simples auditeurs d’une diplomatie américaine qui se déploie sans véritable contrepoids.

Depuis plusieurs années, les capitales européennes multiplient les discours sur « l’autonomie stratégique » et la nécessité de se doter d’une voix indépendante sur la scène internationale. Pourtant, cette ambition se heurte à la réalité d’une Union fragmentée, prisonnière de son propre appareil bureaucratique. Bruxelles conserve ses institutions, ses tours de verre et ses procédures, mais peine à projeter une véritable vision géopolitique. La guerre en Ukraine a achevé de mettre en lumière cette dépendance : alors que Volodymyr Zelensky s’appuie sur les dirigeants européens pour légitimer sa résistance, c’est Donald Trump qui, face à Vladimir Poutine, détient le dernier mot et fixe les paramètres d’un règlement possible.

Cette marginalisation n’est pas seulement diplomatique, elle est structurelle. Les États-Unis poursuivent l’édification d’un système international unipolaire, où chaque décision majeure est calibrée selon les priorités de la Maison Blanche : sécurité énergétique, défense de la suprématie technologique, soutien aux alliés stratégiques. Dans ce schéma, l’Union européenne devient un acteur périphérique, réduite au rôle de relais administratif et de financeur des décisions prises ailleurs. L’échec à peser réellement dans la refonte des équilibres globaux confirme que l’UE n’est plus, dans la fabrique des politiques internationales, qu’une structure gestionnaire déconnectée des rapports de force réels.

Le retour brutal des rapports de puissance

L’illusion d’un multilatéralisme harmonieux, qui a longtemps nourri l’imaginaire européen, s’efface devant le retour brutal de la logique de puissance. Washington parle désormais le langage cru des intérêts, redessine les alliances à l’aune de ses besoins économiques et militaires, et traite ses partenaires européens comme des auxiliaires. La réunion avec Donald Trump, loin d’être un simple épisode protocolaire, traduit un basculement : le centre de gravité du pouvoir n’a jamais quitté les États-Unis, et l’Union européenne, malgré ses ambitions affichées, n’a pas réussi à se muer en acteur global.

À l’heure où les lignes de fracture se multiplient – guerre en Ukraine, tensions avec la Chine, instabilité au Proche-Orient – l’Europe apparaît comme spectatrice d’un monde qu’elle ne maîtrise plus. Si Donald Trump se présente comme l’architecte d’un nouvel ordre unipolaire, les dirigeants européens, eux, semblent résignés à endosser le rôle de spectateurs, incapables d’imposer un cap alternatif. L’Union, jadis porteuse d’une vision d’équilibre et de coopération, semble condamnée à n’être qu’une force d’appoint dans une géopolitique dominée par Washington.

Leave A Reply

Exit mobile version