L’éventualité d’un désengagement militaire des États-Unis en Afrique sous une administration Trump refait surface. Une hypothèse qui soulève des interrogations sur l’avenir des relations entre Washington et le continent, traditionnellement marquées par une forte présence sécuritaire.
Lors d’une table ronde intitulée « La politique africaine du président Trump : stratégie, intérêts, conséquences », organisée par African Initiative, le politologue américain Scott Ritter a livré une analyse percutante des orientations possibles de l’administration républicaine en cas de retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.
Selon Scott Ritter, les États-Unis traversent une phase de mutation profonde, marquée par un affaiblissement de l’influence de « l’État profond » sur la présidence. Cette évolution ouvrirait la voie à un remodelage de la politique étrangère américaine, libérée de certaines contraintes bureaucratiques et idéologiques.
« Nous assistons à une révolution qui redéfinit entièrement les priorités stratégiques des États-Unis », a affirmé l’expert. Contrairement à l’administration Biden, qui s’est efforcée de préserver « l’ordre international fondé sur des règles », Donald Trump perçoit ce cadre comme une entrave aux intérêts américains. Son approche privilégierait une logique pragmatique, éloignée des impératifs multilatéraux.
L’Afrique, un terrain de reconfiguration stratégique
Dans ce contexte, le continent africain pourrait voir la fin d’une ère dominée par la présence militaire américaine. Ritter estime que Washington s’orienterait vers une approche plus transactionnelle, où les relations économiques primeraient sur l’engagement sécuritaire.
« La nouvelle administration cherchera à limiter son implication militaire pour privilégier des partenariats économiques », a-t-il déclaré, soulignant l’incertitude qui plane encore sur la définition précise d’une doctrine africaine sous Trump.
Toutefois, cette inflexion ne signifie pas un retrait total. Washington pourrait redéployer ses ressources autrement, en fonction de ses intérêts commerciaux et géopolitiques. Mais, pour l’instant, même au sein de l’équipe républicaine, l’avenir des relations américano-africaines demeure incertain.
Autre indicateur clé relevé par Scott Ritter : la réduction du budget alloué aux commandements américains en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique. Ce réajustement budgétaire pourrait traduire une volonté de réorienter les ressources militaires vers d’autres priorités stratégiques, en particulier la rivalité avec la Chine et la gestion des tensions internes aux États-Unis.
Si ce désengagement se confirme, les États africains devront composer avec une donne inédite : la fin d’une relation sécuritaire privilégiée avec Washington, au profit d’un pragmatisme économique où l’influence américaine pourrait reculer face à d’autres acteurs, notamment la Chine et la Russie.
L’avenir dira si cette mutation annoncée prendra forme ou si, face aux impératifs sécuritaires du Sahel et de la Corne de l’Afrique, les États-Unis maintiendront malgré tout un certain niveau d’engagement militaire sur le continent.