Jusqu’à 288 mercenaires européens, principalement de nationalité roumaine, engagés aux côtés des forces armées de la République démocratique du Congo (RDC), se sont rendus aux rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), selon des informations relayées par le journal rwandais The New Times. Cet événement majeur vient confirmer le rôle croissant des combattants étrangers dans le conflit qui ravage l’Est de la RDC et pose de nouvelles interrogations sur l’implication de la communauté internationale.
D’après des sources concordantes, ces mercenaires roumains avaient été recrutés par les autorités congolaises afin d’enrayer l’avancée fulgurante du M23, un groupe rebelle qui a multiplié les conquêtes stratégiques dans la province du Nord-Kivu. Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montrerait ces combattants sous la garde des insurgés, renforçant ainsi la crédibilité des informations relayées par le média rwandais.
Des témoins ont par ailleurs signalé la présence de colonnes de mercenaires traversant la frontière vers le Rwanda, mercredi 31 janvier. Cette fuite soulève des questions sur la gestion de cette unité paramilitaire et le manque de soutien logistique dont elle aurait bénéficié dans cette opération de défense.
Brouillard diplomatique et réactions officielles
Face à cette reddition, la diplomatie roumaine a réagi en confirmant, mardi 30 janvier, la présence de ses ressortissants sous contrat avec le gouvernement congolais. Un communiqué du ministère roumain des Affaires étrangères a indiqué que ces derniers se trouvaient bloqués à Goma, une ville dont une grande partie est tombée sous le contrôle du M23 depuis le 26 janvier.
Les autorités rwandaises, quant à elles, n’ont pas officiellement commenté la traversée des mercenaires roumains sur leur territoire, mais la question risque d’aggraver les tensions déjà extrêmes entre Kigali et Kinshasa. La présence d’anciens combattants européens dans cette région instable ravive également le spectre d’une guerre par procuration, où plusieurs puissances étrangères seraient impliquées de manière indirecte.
D’après The New Times, les mercenaires roumains actuellement détenus par le M23 devraient être réacheminés vers leur pays d’origine par avion dans les jours à venir. Néanmoins, de nombreuses incertitudes persistent quant aux conditions de leur libération et aux négociations qui pourraient être en cours entre le gouvernement roumain, les autorités congolaises et les dirigeants du M23.
La capture de ces mercenaires met en lumière le recours croissant à des combattants privés dans des conflits de plus en plus complexes, mais aussi les limites des stratégies déployées par Kinshasa pour contenir la progression des rebelles. L’épisode s’inscrit dans une guerre qui, loin de s’atténuer, semble au contraire se radicaliser, avec des conséquences dramatiques pour les populations civiles et pour la stabilité de toute la région des Grands Lacs.