L’industrialisation, gage de la modernisation et de la prospérité, est un sujet de plus en plus important en Afrique. La Chine, qui dispose d’atouts en la matière, pourrait accompagner le continent sur son chemin vers la modernisation, le potentiel de leur coopération industrielle s’avérant énorme grâce à la grande complémentarité des atouts des deux parties.
Dans la région camerounaise du Centre, la deuxième phase du port en eau profonde de Kribi, menée par la société China Harbor Engineering Company (CHEC), bat son plein avec près d’un millier d’ouvriers sur le site.
Un cargo de 30.000 tonnes en provenance de Singapour a pu accoster dans la première phase du port, déjà opérationnelle.
« A Douala, la plus grande ville du Cameroun, le port ne peut accueillir que des navires de moins de 10.000 tonnes en raison des eaux peu profondes. Mais ici, (faire) accoster des navires de 100.000 tonnes ne pose aucun problème », se félicite l’ingénieur local Eric Hermann Defo Fotso.
La deuxième phase sera achevée d’ici la fin de l’année, ajoutant deux quais aux deux existants de la première phase. Le gouvernement camerounais a alloué 15.000 hectares près du port pour des zones industrielles et logistiques, attirant de nombreuses usines et entreprises.
Par ailleurs, l’autoroute Kribi-Lolabé, également construite par CHEC, est la première autoroute du Cameroun construite selon les normes chinoises et opérationnelle depuis près de deux ans. Mesurant 38,5km de long, elle compte six voies à double sens, dont deux voies centrales réservées à une utilisation future, selon Zhang Wenfeng, directeur général adjoint de la division Afrique centrale de CHEC.
« Le Cameroun est un grand pays avec de nombreuses conditions favorables au développement. L’autoroute Kribi-Lolabé est une étape clé pour faire sauter un goulot d’étranglement au développement économique. L’exploitation de l’autoroute améliorera considérablement l’environnement des affaires au Cameroun, augmentera l’emploi et créera un corridor économique irradiant dans tout le pays », dit-il.
« Cette autoroute connecte le port en eau profonde de Kribi aux principales villes du pays, facilitant les déplacements de personnes et le transport de marchandises, promouvant ainsi l’industrialisation du Cameroun », salue le ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi.
Depuis le début de ce siècle, la Chine a participé à la construction de plus de 6.000 kilomètres de chemins de fer, autant de routes, près de 20 ports et plus de 80 grandes installations électriques en Afrique.
Dans le cadre de l’Initiative la Ceinture et la Route, la coopération sino-africaine dans les infrastructures a donné des résultats fructueux, avec des projets de haute qualité jouant un rôle significatif dans le développement industriel et la transformation économique de l’Afrique.
« L’industrialisation de l’Afrique a commencé tard et a une base faible. Ce n’est qu’en améliorant les infrastructures, en promouvant la connectivité et en parvenant à l’intégration économique que l’Afrique pourra avoir une production industrielle à grande échelle et intégrer efficacement le marché des produits industriels », explique Costantinos Berhutesfa Costantinos, professeur de politique publique à l’Université d’Addis-Abeba en Ethiopie.
Chaque jour, à l’aube, Helen Mugala, 27 ans, rejoint des centaines de ses collègues pour se rendre au travail dans la Zone industrielle sino-ougandaise de Mbale, située dans l’est de l’Ouganda. « Cette zone industrielle a aidé de nombreux locaux. J’ai acquis des compétences et je gagne ma vie grâce à l’entreprise chinoise », se félicite-t-elle.
Situé à environ 200km de la capitale ougandaise, Kampala, le site compte des atouts significatifs : il est proche de trois routes nationales et de la ville de Mbale, un axe de transport terrestre crucial vers le port kényan de Mombasa.
Cette zone industrielle, exploitée par l’entreprise privée chinoise Tian Tang Group, a attiré plus de 40 entreprises depuis son lancement en mars 2018, créant plus de 5.000 emplois locaux.
Pearlight Technology, l’une des premières entreprises à s’y installer, fabrique principalement des produits d’éclairage.
« Auparavant, les lampes LED en Ouganda étaient principalement importées, coûteuses et difficiles à réparer. Les entreprises chinoises ont changé cette situation. Maintenant, notre entreprise produit environ trois millions d’ampoules et de tubes LED par an, vendus à travers l’Ouganda », détaille le technicien local Joseph Otim.
Selon les autorités de cette ZI, environ 5.000 jeunes passent chaque jour les portes du site pour se rendre dans diverses usines. La Zone industrielle sino-ougandaise de Mbale, l’une des plus grandes du pays, abrite des entreprises qui fabriquent toute une gamme de produits, dont des smartphones, des télévisions, des textiles et de l’acier.
Ces dernières années, les pays africains se sont inspirés de l’expérience de développement de zones industrielles dans des pays comme la Chine.
C’est ainsi que la Plateforme industrielle internationale de Diamniadio au Sénégal, la zone franche de Lekki au Nigeria, le Parc industriel sino-tanzanien en Tanzanie et la Zone de coopération économique et commerciale sino-égyptienne à Suez ont toutes joué un rôle dans l’attraction des investissements, attirant rapidement des entreprises pour former des clusters industriels, favorisant des atouts en matière de développement industriel et promouvant la croissance de la fabrication, ce qui permet d’accélérer l’industrialisation en Afrique.
NFC Africa Mining (NFCA) est la première compagnie minière financée par la Chine établie en Afrique, avec des investissements conjoints de China Nonferrous Metal Mining et la Zambia Consolidated Copper Mines Investment Holdings, pour redévelopper la mine de cuivre de Chambishi, qui était fermée depuis plus de dix ans.
Dans cette dernière, un écran de contrôle numérique de la production affiche l’état opérationnel de divers processus de production, dont l’exploitation minière, l’excavation, la machinerie et le transport. « Même sans descendre sous terre, nous pouvons clairement comprendre la dynamique en dessous », note Dean Mwelwa, un cadre de la NFCA.
Cette mine ne repose plus lourdement sur le travail humain pour l’exploitation souterraine. Elle utilise plutôt un système de gestion de réseau informatisé, offrant des processus de production contrôlables et une gestion d’entreprise affinée par des moyens numériques, ce qui aide les mineurs en première ligne à résoudre les problèmes de sécurité de production.
Selon M. Mwelwa, la NFCA a créé un centre de formation pour développer les talents locaux, introduisant des équipements de formation équipés de technologie virtuelle et mettant en place un modèle de formation standard combinant formation théorique, cours pratique sur le terrain et évaluation post-formation. Rien qu’en 2023, ce centre a formé plus de 14.000 employés.
Au milieu d’une nouvelle vague de révolution technologique mondiale et de transformation industrielle, le développement de nouvelles forces productives de qualité est devenu un moteur clé pour promouvoir une coopération sino-africaine de haute qualité.
A l’heure actuelle, la Chine et l’Afrique échangent de plus en plus de nouvelles technologies, de nouvelles énergies et de nouvelles industries, aidant de manière significative à l’amélioration de la qualité de la coopération industrielle sino-africaine, cultivant des talents industriels modernes locaux et promouvant le développement durable en Afrique.
Au cœur de la ville de Musanze, dans le nord du Rwanda, un partenariat transformateur façonne l’avenir de jeunes Rwandais.
Le Collège polytechnique régional intégré de Musanze (IPRC), un établissement public d’enseignement supérieur, a récemment conclu un programme d’échange de cinq ans avec l’Ecole polytechnique de Jinhua dans la province chinoise du Zhejiang (est). Trente étudiants de l’IPRC étudieront pendant deux ans au Rwanda et une année en Chine pour obtenir un diplôme avancé.
L’un d’eux, Ishimwe Yasil, étudiant de troisième année en technologie d’automatisation électrique, confie son enthousiasme à l’idée d’étudier la numérisation et le commerce mondial en Chine.
« Je suis vraiment excité et honoré que l’IPRC Musanze nous permette d’aller en Chine », dit-il, disant avoir de grandes attentes pour ce programme d’échange avec la Chine, car il améliorera à la fois ses compétences pratiques et ses connaissances théoriques.
Wu Weixin, directeur général de l’Ecole polytechnique de Jinhua, salue ce partenariat et note que la présence au Rwanda d’un tel atelier Luban – un réseau de centres de formation de pointe – constitue un projet innovant de service éducatif professionnel international offert par la Chine qui vise à améliorer la formation technique et professionnelle dans ce pays d’Afrique de l’Est.
A ses yeux, la collaboration entre l’IPRC et l’Ecole polytechnique de Jinhua représente un pont entre les cultures et une plateforme pour l’apprentissage mutuel. « L’importance des talents dans le développement innovant ne saurait être surestimée », insiste Gerishon Ikiara, expert économique et ancien secrétaire permanent au ministère kényan des Transports.
Ces dernières années, la Chine a mené une série de projets d’éducation professionnelle en Afrique et y a établi des ateliers Luban, aidant de nombreux pays africains à cultiver des talents en technologie industrielle et à transformer leur dividende démographique en atout de développement.