lundi, octobre 13

Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra a officialisé, jeudi 2 octobre, sa candidature à l’élection présidentielle du 28 décembre 2025, ouvrant ainsi une nouvelle séquence politique dans un pays encore marqué par l’instabilité et la méfiance envers ses institutions.

Entouré de ses partisans rassemblés au siège de l’Autorité nationale des élections (ANE), le chef de l’État a confirmé lui-même le dépôt de sa candidature. « Le peuple voulait être rassuré que ma candidature soit bien déposée. C’est désormais chose faite », a-t-il déclaré devant la foule acquise à sa cause, sous les applaudissements des militants du Mouvement Cœurs unis (MCU), son parti au pouvoir.

Élu une première fois en 2016, puis reconduit en 2020, Faustin-Archange Touadéra brigue un troisième mandat, rendu possible par la nouvelle Constitution adoptée en août 2023, laquelle a supprimé la limitation du nombre de mandats présidentiels. Cette réforme, approuvée lors d’un référendum controversé, avait été dénoncée par l’opposition et plusieurs organisations de la société civile, qui y voyaient un recul démocratique.

Le scrutin du 28 décembre se déroulera dans un contexte tendu : il combinera les élections présidentielle, législatives, régionales et municipales, longtemps différées pour des raisons financières et sécuritaires. Les dépôts de candidatures resteront ouverts jusqu’au 11 octobre, selon le calendrier officiel publié par l’ANE.

Le gouvernement a annoncé un budget global de 8 millions de dollars pour la tenue des scrutins. Une première tranche de 4,7 millions de dollars a été versée cette semaine au fonds commun géré par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), a précisé le ministre des Finances, Hervé Ndoba. Ce mécanisme, déjà utilisé lors des précédentes élections, vise à garantir la traçabilité des dépenses et à associer les partenaires internationaux au suivi du processus.

Selon le ministre, ces fonds permettront notamment d’acquérir le matériel électoral et d’assurer la logistique dans un pays où les infrastructures demeurent précaires. De nouveaux versements sont attendus dans les prochaines semaines, tandis que le gouvernement poursuit ses discussions avec le PNUD pour renforcer la transparence de la gestion budgétaire.

La candidature de Touadéra s’inscrit dans un climat politique fragmenté, où la méfiance persiste entre le pouvoir et une opposition affaiblie par les dissensions internes et les pressions administratives. Les acteurs internationaux, en particulier l’Union africaine et la CEEAC, suivent de près le processus, dans un pays où la présence des mercenaires du groupe Wagner et la dépendance à l’aide extérieure continuent de nourrir les inquiétudes.

À moins de trois mois du scrutin, les défis demeurent considérables : insécurité persistante dans plusieurs préfectures, financement fragile, participation électorale incertaine. Le pari de Faustin-Archange Touadéra, en quête de légitimité et de stabilité, se joue désormais sur un terrain miné où la démocratie centrafricaine peine encore à trouver son souffle.

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