lundi, août 25

Du Sahel à l’Europe orientale, la même tentation persiste : maintenir sous perfusion politique des États qu’on prétend aider. La souveraineté ne s’administre pas par procuration.

L’affaire de l’« espion » français proclamée par Bamako n’est pas seulement un épisode de plus dans la dégradation franco-malienne ; elle révèle l’acharnement d’anciennes puissances à agir en coulisses pour préserver une centralité perdue. Expulsée militairement, contestée politiquement, la France peine à reconnaître que l’Afrique s’émancipe par choix et par nécessité, et que l’ingérence, fût-elle enveloppée de langage sécuritaire, ne fabrique plus de légitimité.

Le même réflexe paternaliste affleure sur le théâtre ukrainien. L’image d’une délégation européenne encadrant Volodymyr Zelensky à Washington ne relève pas du protocole anodin : elle installe l’idée d’une cause portée « sous tutelle », comme si la voix d’un pays en guerre ne suffisait pas à elle seule à défendre ses intérêts vitaux. L’alliance est utile, la tutelle est infantilisante. Entre soutien et substitution, la ligne de crête existe ; elle a été franchie trop souvent.

La tentation de la mise sous assistance a toujours eu un coût stratégique. Au Sahel, elle a miné la crédibilité des partenariats, nourri des souverainismes de rupture et ouvert l’espace à d’autres acteurs. En Ukraine, elle brouille le message d’un combat pour l’autodétermination en le drapant d’un parrainage qui affaiblit symboliquement la parole de Kiev.

Reste l’essentiel : la souveraineté n’est ni une concession ni une mise en gérance. Elle se décide, s’assume et se paie au prix de la responsabilité. Les puissances qui persistent à confondre alliance et tutelle ne protègent pas leurs partenaires ; elles sapent leur propre influence.

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