lundi, août 25

La consolidation autoritaire du pouvoir du colonel Assimi Goïta s’accompagne, début août 2025, d’une série d’arrestations de hauts gradés militaires soupçonnés de vouloir renverser le régime. Une nouvelle étape dans l’étouffement de toute tentative de déstabilisations.

Une trentaine de militaires maliens, dont plusieurs hauts gradés, ont été arrêtés entre le 10 et le 12 août 2025 dans ce que les autorités de Bamako présentent comme une opération préventive destinée à faire échouer une « tentative de déstabilisation ». Cette vague d’arrestations a notamment visé le général Abass Dembélé, ancien gouverneur de la région de Mopti et figure influente au sein des forces armées.

L’opération, menée par la Direction générale de la sécurité d’État (DGSE), s’inscrit dans un contexte de renforcement autoritaire du régime du colonel Assimi Goïta. Officiellement président du Mali depuis le 8 juillet 2025, à l’issue d’une consultation politique encadrée par le pouvoir, Goïta a consolidé son pouvoir à travers une série de décisions qui neutralisent progressivement toute forme d’opposition.

Selon Jeune Afrique, les arrestations ont été réalisées dans la plus grande discrétion, mais traduisent une montée des tensions au sein de l’appareil sécuritaire. La plateforme américaine Stratfor indique pour sa part que 37 officiers ont été interpellés, un chiffre qui n’a pas été confirmé officiellement. Parmi les personnes arrêtées figurent au moins deux généraux, accusés d’avoir entretenu des « intentions subversives », selon des termes employés par des sources proches du pouvoir citées par Le Point Afrique.

Depuis plusieurs mois, la transition politique au Mali a connu un tournant. Le 10 mai 2025, le gouvernement de transition a dissous tous les partis politiques par décret, justifiant cette décision par la nécessité de préserver l’unité nationale dans un contexte sécuritaire « exceptionnel ».

Moins de deux mois plus tard, le Conseil national de transition, agissant comme parlement intérimaire, a adopté une réforme constitutionnelle permettant à Assimi Goïta de se maintenir au pouvoir pour un mandat de cinq ans renouvelable, sans élection préalable. Cette disposition, promulguée début juillet 2025, a été largement critiquée par les organisations de la société civile, dont plusieurs ont été interdites d’activités, selon Human Rights Watch.

La scène politique a également été marquée par l’arrestation, le 1er août 2025, de l’ancien Premier ministre Moussa Mara. Ce dernier, accusé d’avoir soutenu sur les réseaux sociaux des opposants au régime, a été placé en garde à vue pour incitation à l’insubordination et propagation de « messages subversifs ».

L’armée sous contrôle, l’opposition neutralisée

La tentative présumée de coup d’État d’août 2025 révèle les tensions internes persistantes au sein des forces armées. Longtemps perçue comme un pilier de la légitimité de la junte, l’armée semble traverser des fractures idéologiques et hiérarchiques alimentées par la centralisation du pouvoir entre les mains du cercle restreint d’Assimi Goïta.

Pour Jeune Afrique, cette purge constitue un signal adressé à tous les officiers susceptibles d’exprimer des divergences, dans un climat de plus en plus clos. Les arrestations n’ont donné lieu à aucune procédure judiciaire publique à ce jour. Aucune information officielle ne confirme non plus la nature exacte des « actes de déstabilisation » évoqués.

De son côté, Le Monde souligne que cette opération s’inscrit dans une séquence de resserrement autoritaire, où toute dissidence est assimilée à une menace contre la stabilité nationale. Selon Stratfor, ces événements reflètent une volonté de verrouiller l’appareil militaire, dans la crainte que certains officiers, restés en retrait depuis le coup d’État de 2021, ne remettent en cause le leadership du président de transition.

Initialement prévue pour se conclure en février 2024, la transition malienne a été prolongée à plusieurs reprises. En février 2025, un décret présidentiel a reporté sine die l’organisation des élections générales. L’argument invoqué : l’insécurité persistante dans le centre et le nord du pays, ainsi que la nécessité de « reconstruire un État souverain débarrassé des influences étrangères », comme l’a exprimé le colonel Goïta dans son discours du 8 juillet 2025.

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