Les 20 et 21 février 2025, Johannesburg devient l’épicentre de la diplomatie mondiale avec la tenue du sommet des ministres des Affaires étrangères du G20. Dans un contexte international marqué par des tensions croissantes entre puissances rivales, cette rencontre cristallise les enjeux de politique mondiale et met en lumière des alliances en pleine mutation. Si la Russie et la Chine sont représentées par leurs chefs de la diplomatie respectifs, Sergueï Lavrov et Wang Yi, l’absence remarquée du secrétaire d’État américain, Marco Rubio, vient souligner les lignes de fracture qui traversent le groupe des vingt.

Washington, par la voix de Marco Rubio, a justifié son retrait en invoquant une politique sud-africaine jugée « hostile aux intérêts américains ». Parmi les griefs avancés figurent la proximité grandissante de Pretoria avec Pékin, sa politique de redistribution foncière controversée et son engagement aux côtés de la Cour pénale internationale (CPI) contre Israël. Ce positionnement met en lumière les tensions persistantes entre les États-Unis et plusieurs pays émergents, en quête d’une autonomie stratégique face aux grandes puissances occidentales.

Au-delà du rôle central de l’Afrique du Sud en tant que pays hôte, la présence élargie d’acteurs africains illustre la montée en puissance du continent sur la scène diplomatique mondiale. Participent ainsi à ce G20 le président de la Commission de l’Union africaine, représentant Djibouti, le président en exercice de l’UA, João Lourenço (Angola), ainsi que les ministres des Affaires étrangères de l’Algérie, de l’Égypte, de l’Éthiopie et du Nigeria. Cette mobilisation africaine traduit une volonté affirmée de peser sur les débats et d’influer sur les orientations stratégiques à l’échelle mondiale.

Parallèlement, l’Arabie saoudite, acteur influent du monde arabe et du G20, est représentée par son ministre des Affaires étrangères, tandis que la Turquie, sous la conduite de son chef de la diplomatie, entend défendre ses intérêts régionaux et internationaux.

Moscou et Pékin renforcent leur coopération

En marge de ces discussions multilatérales, une rencontre bilatérale entre Sergueï Lavrov et Wang Yi a mis en lumière l’approfondissement du partenariat stratégique entre la Russie et la Chine. Cette séance de travail a été l’occasion pour les deux ministres de réaffirmer leur volonté de renforcer le dialogue politique et la coopération bilatérale, notamment face aux défis posés par la situation internationale.

Les échanges ont porté sur des questions majeures telles que la sécurité en Eurasie, la situation au Moyen-Orient, les tensions en Asie-Pacifique, les relations avec Washington et, surtout, la crise ukrainienne. À ce sujet, Wang Yi a réitéré la position de Pékin, plaidant pour une résolution pacifique du conflit et mettant en avant la nécessité de s’attaquer aux « causes profondes » de la crise, conformément aux principes de la Charte des Nations unies. Une approche qui contraste avec celle de Moscou, bien que les deux pays affichent une convergence croissante dans leur opposition à l’hégémonie occidentale.

Si cette réunion du G20 à Johannesburg devait initialement offrir une plateforme de dialogue multilatéral, elle met en évidence les fractures géopolitiques qui traversent l’ordre mondial actuel. D’un côté, les puissances occidentales, incarnées par l’absence de Washington et la prudence de certains pays européens. De l’autre, un axe sino-russe de plus en plus affirmé, en quête d’un nouvel équilibre global, soutenu par plusieurs puissances émergentes et une Afrique désireuse de s’affirmer comme un acteur incontournable.

En attendant les conclusions officielles du sommet, une chose est certaine : ce G20 sud-africain illustre les recompositions profondes qui s’opèrent sur l’échiquier international, où les rapports de force traditionnels sont plus que jamais remis en question.

Laisser Une Réponse

Exit mobile version