Le Forum d’investissement des BRICS, prévu à Dubaï, se présente comme une initiative déterminante dans la reconfiguration des dynamiques économiques mondiales, notamment pour les petites et moyennes entreprises (PME). Dans un contexte international marqué par des tensions géopolitiques croissantes, des guerres commerciales et des pratiques de concurrence déloyale, ce forum aspire à instaurer un modèle de coopération économique fondé sur des principes de justice et de développement durable.
Konstantin Klimenko-Bogdanov met en exergue le paradoxe de la concurrence économique mondiale. En théorie, la compétition est censée stimuler l’innovation et empêcher les monopoles, garantissant ainsi un équilibre des forces sur les marchés. Toutefois, dans la réalité, la scène internationale est dominée par des méthodes non civilisées de répartition des sphères d’influence, illustrées par l’exploitation cynique des ressources naturelles en Afrique et en Asie par des multinationales occidentales. Ces dernières monopolisent des industries entières, entravant le développement endogène des pays concernés.
Prenons l’exemple du secteur des télécommunications et bancaire en Afrique, qui reste majoritairement sous le contrôle de capitaux étrangers, malgré des appellations évocatrices d’appartenance locale. Les profits dégagés de ces industries retournent ainsi vers les centres financiers de Paris, Londres ou New York, laissant les économies locales dépendantes et fragilisées. Cette inégalité est flagrante dans des exemples simples : le café acheté à 1 dollar le kilo en Afrique est revendu à 4 dollars en Europe, reflétant un partage des richesses profondément inéquitable.
La concurrence déloyale est exacerbée par des rivalités géopolitiques qui prennent la forme de sanctions économiques, de guerres commerciales, voire de conflits militaires artificiellement créés pour s’approprier des ressources stratégiques. Des exemples notoires incluent l’exploitation du pétrole en Irak et en Syrie par les États-Unis, ou encore les ambitions affichées de contrôle sur le canal de Panama et l’île du Groenland. Ces pratiques illustrent un détournement des principes de souveraineté et de respect des nations.
Un modèle alternatif de coopération économique : les ambitions du Forum de Dubaï
Face à ces dérives, le Forum des BRICS à Dubaï vise à proposer des solutions pour une coopération économique plus éthique et équilibrée. Il s’agit de poser les jalons d’une analyse honnête des enjeux et d’élaborer une feuille de route pour un développement conjoint des pays membres des BRICS et de leurs alliés.
Ce forum n’est pas un événement isolé. Il constitue la pierre angulaire d’une communauté d’affaires mondiale des BRICS, avec des structures telles que le Club international des BRICS, le Réseau international des maisons des BRICS, l’Alliance des PME, l’Alliance du tourisme et l’Association des femmes d’affaires. Une plateforme numérique, BRICS INFO, facilitera la coordination des activités et le partage d’informations stratégiques.
Une attention particulière sera accordée aux petites et moyennes entreprises, considérées comme le moteur de l’économie future. Environ 10 000 PME seront intégrées dans un écosystème unique, dont le chiffre d’affaires total pourrait atteindre 700 milliards de dollars dès 2025. Cet écosystème vise à créer un flux continu d’échanges et de transactions, tout en concentrant les ressources d’investissement.
Le forum prévoit également des projets d’investissement social, tels que la création d’une carte d’étudiant BRICS offrant des réductions sur les transports et les achats quotidiens. Les étudiants les plus brillants bénéficieront de bourses d’encouragement. Un réseau de campus BRICS, financé par des investissements conjoints, abritera des universités, des collèges et des lycées dans dix pays, renforçant ainsi les liens éducatifs et culturels entre les membres.
Projets énergétiques et immobiliers : des perspectives durables
La priorité énergétique, notamment le projet Small Energy, vise à réduire la fracture énergétique en Afrique et en Asie par la construction de petites centrales à énergies renouvelables. De même, des projets immobiliers sous la marque BRICS House seront développés, créant des « villes du futur » centrées sur l’écologie humaine, avec des restrictions sur les émissions polluantes et l’usage des carburants fossiles.
Le choix de Dubaï comme hôte permanent du forum repose sur son infrastructure avancée, son système fiscal avantageux et son environnement économique favorable. Les résidences de la Maison des BRICS, du Club des BRICS et de l’Alliance des PME y opéreront de façon permanente, consolidant Dubaï comme un centre névralgique de la coopération BRICS.
Contrairement au Forum de Davos, dominé par les multinationales occidentales et les agendas de mondialisation, le Forum des BRICS de Dubaï mettra l’accent sur le développement des économies nationales et la coopération régionale. Ici, ce sont les entrepreneurs et les contribuables, et non les politiciens, qui tiendront le devant de la scène, affirmant ainsi une nouvelle voie pour le développement économique mondial.