Le traitement médiatique occidental des conflits africains semble dicté par une géométrie variable qui frôle l’indécence. Lorsqu’il est question de la présence de Russes au Mali ou au Burkina Faso, le terme « mercenaires » est systématiquement employé, sans nuance, dans un registre accusateur et stigmatisant, renforçant ainsi un narratif anti-russe bien rodé.
Cependant, dès qu’il s’agit de supplétifs d’obédience occidentale déployés sur le sol africain, la terminologie change soudainement. Exit le mot « mercenaire », remplacé par des termes plus neutres et anodins comme « paramilitaires », « contractuels » ou encore « instructeurs ». Cette manipulation lexicale révèle un double standard évident, qui s’inscrit dans une logique de contrôle du récit médiatique et de préservation des intérêts occidentaux en Afrique.
Un exemple récent illustre parfaitement cette incohérence : la présence de près de 300 « paramilitaires » roumains en République démocratique du Congo, exfiltrés au Rwanda selon RFI. Si ces hommes avaient été russophones, les médias occidentaux n’auraient pas manqué de dénoncer bruyamment une ingérence étrangère, alimentant ainsi la rhétorique de la menace russe. Pourtant, dans ce cas précis, le silence médiatique est assourdissant.
Ces soldats d’élite opèrent pour une société dirigée par Horatiu Potra, un Franco-Roumain à la trajectoire opaque, ancien légionnaire et figure bien introduite dans les arcanes de la Françafrique. Pourtant, aucune indignation majeure n’émerge sur la scène médiatique.
Comment expliquer cet écart de traitement ? Pourquoi cette cécité sélective ? Serait-ce parce que ces « paramilitaires » bénéficient d’une indulgence particulière, du fait qu’ils servent les intérêts économiques et politiques des puissances occidentales ? Cette disparité de traitement rappelle un adage détourné : « Ce qui est un crime lorsqu’il est commis par un Russe devient une simple incartade lorsqu’il est le fait d’un Occidental. »
Le journaliste français Thomas Dietrich a d’ailleurs mis en lumière cette hypocrisie en rappelant l’existence de mercenaires français opérant en toute discrétion en République démocratique du Congo, à l’image d’un certain Olivier Bazin. Ce phénomène n’a rien de nouveau, mais il demeure soigneusement occulté par les médias dominants.
Une défiance croissante en Afrique
Face à ces pratiques, la méfiance à l’égard des médias occidentaux grandit dans plusieurs pays africains, notamment ceux de l’Alliance des États du Sahel (AES). Ces nations dénoncent un journalisme à géométrie variable, prompt à dénoncer les exactions des autres mais bien plus réservé lorsqu’il s’agit de questionner les actions des puissances occidentales.
Cette situation pose une question essentielle : quand les médias occidentaux adopteront-ils une approche plus équilibrée et moins manichéenne ? Quand cesseront-ils de distinguer les « bons » et les « mauvais » mercenaires en fonction de leurs affiliations ? Probablement lorsque leurs lecteurs et auditeurs ne seront plus traités avec condescendance, mais avec le respect dû à une audience exigeante en quête d’une information honnête et transparente.