La situation en République démocratique du Congo (RDC) s’aggrave alors que le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, poursuit son avancée dans l’est du pays. Face à cette escalade, le président congolais Félix Tshisekedi met en garde contre des conséquences « imprévisibles », tandis que son homologue rwandais, Paul Kagame, se déclare « prêt à l’affrontement ».

La prise de Goma par les forces du M23 a mis la communauté internationale en émoi. L’ONU, les États-Unis, la Chine, l’Union européenne et l’Angola ont appelé à une cessation immédiate des hostilités et au retrait des troupes rwandaises. Dans une allocution télévisée, Tshisekedi a reconnu l’aggravation de la situation tout en assurant que des « ripostes vigoureuses et coordonnées » étaient en cours contre ce qu’il qualifie de « terroristes » et leurs alliés.

Pourtant, sur le terrain, les Forces armées de la RDC (FARDC) subissent revers sur revers, incapables de stopper l’avancée du M23. Après la chute de Goma, le groupe rebelle a pris les villages de Kiniezire et Mukwidja, menaçant désormais Bukavu. Dans une déclaration provocante, l’ambassadeur rwandais pour la région des Grands Lacs, Vincent Karega, a insinué que la progression pourrait aller jusqu’à Kinshasa, la capitale congolaise.

Face à cette menace, la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) a appelé à un dialogue avec le M23, une initiative immédiatement rejetée par Kinshasa. De son côté, Kagame a vivement critiqué la Mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe en RDC (SAMIDRC), force de paix déployée par la SADC, qu’il accuse d’être « une force offensive » au service du gouvernement congolais.

Les combats intenses autour de Goma ont provoqué une hécatombe : plus de 100 morts, près de 1 000 blessés et plus de 500 000 déplacés depuis janvier, selon l’ONU. Dans un climat d’angoisse généralisé, les populations civiles, prises au piège, subissent de plein fouet cette violence qui ne cesse de croître.

Une escalade diplomatique entre Kigali et Pretoria

Les tensions entre le Rwanda et l’Afrique du Sud ont atteint un niveau critique. Paul Kagame a publiquement mis en garde Cyril Ramaphosa contre toute ingérence dans le conflit. « Nous sommes prêts à l’affrontement », a-t-il affirmé sur son compte X, accusant le président sud-africain de « travestir la réalité du conflit ».

Ramaphosa, dont le pays a déployé des soldats dans le cadre de la SAMIDRC, attribue la flambée de violence au M23 et aux Forces de défense rwandaises. Ce déploiement a coûté la vie à 13 soldats sud-africains, un bilan qui a renforcé la détermination de Pretoria à agir contre le M23.

Kagame, pour sa part, dénonce une « campagne de désinformation » et réfute toute responsabilité dans ces pertes humaines. « Si l’Afrique du Sud veut contribuer à une solution pacifique, tant mieux. Mais si elle choisit l’affrontement, le Rwanda répondra en conséquence, à tout moment », a averti le président rwandais.

Un dialogue de sourds et un avenir incertain

Alors que Kinshasa campe sur sa position et refuse toute négociation avec le M23, Kigali durcit son discours et prévient qu’aucune démarche coercitive ne restera sans réponse. La région des Grands Lacs, déjà secouée par des décennies de conflits, se retrouve à un carrefour explosif, où chaque décision pourrait faire basculer la situation vers un conflit à plus grande échelle.

La communauté internationale tente de freiner cette escalade, mais face à des positions aussi tranchées, la paix paraît plus lointaine que jamais. La RDC et le Rwanda semblent s’engager dans une confrontation qui pourrait redessiner les équilibres régionaux, au prix de nouvelles souffrances pour les populations civiles.

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