Le Sénégal, sous la houlette de son nouveau régime, tisse sa toile diplomatique avec une prudence digne d’un funambule. Neutralité affichée face aux grandes puissances, c’est le credo. Mais la réalité, c’est une Afrique de l’Ouest en pleine effervescence géopolitique, un véritable bouillonnement d’alliances et de rivalités. Le courant souverainiste du PASTEF, au pouvoir, ambitionne une indépendance stratégique, un objectif ambitieux face aux réalités du terrain, à la course aux ressources, gaz et pétrole en tête. Un défi de taille, somme toute.
Face aux décisions parfois abruptes de la CEDEAO, le Sénégal affiche une certaine réserve, voire une distance polie. Les sanctions contre le Mali, le Burkina Faso et le Niger? Le régime sénégalais observe avec une prudence calculée, privilégiant une stratégie de non-alignement. Pas question de se brûler les ailes, même si une certaine sympathie pour ces voisins ne peut être niée. L’équilibre, cher à la diplomatie sénégalaise, est un art délicat.
Le projet gazier « Greater Tortue Ahmeyim » (GTA), une coentreprise avec la Mauritanie, place le Sénégal dans une situation singulière, un peu comme un joueur de poker bluffant. Nouakchott, partenaire clé, multiplie les alliances, attirant l’attention du Maroc et des puissances occidentales. L’Algérie, elle, ne reste pas les bras croisés et renforce son influence dans la région. Un jeu d’échecs géopolitique où chaque pion compte.
Le Sénégal s’engage aussi dans le projet de gazoduc Nigeria-Maroc, une illustration de sa volonté d’intégration panafricaine. La récente visite à Rabat de la ministre des Affaires étrangères, Yassine Fall, a confirmé cet engagement, avec un accent particulier sur le renforcement des liens économiques avec le Maroc, notamment autour des projets côtiers atlantiques. Des partenariats stratégiques, des liens essentiels pour l’avenir.
La diplomatie sénégalaise, c’est une histoire de bon voisinage et de respect de la souveraineté nationale. Une diplomatie de proximité, discrète, qui évite les confrontations directes. Avec le Mali, la Mauritanie, la Gambie, la Guinée-Bissau et la Guinée-Conakry, Dakar privilégie l’équilibre, une approche mesurée pour maintenir la stabilité dans une région souvent agitée.
Mais l’idéologie souverainiste du PASTEF se heurte à la réalité géopolitique, une réalité faite d’alliances complexes, souvent influencées par les grandes puissances. Le Sénégal doit préserver son indépendance tout en profitant des collaborations régionales et internationales nécessaires à son développement. Un véritable numéro d’équilibriste.