Dans le but de réduire leur dépendance au dollar américain, les 9 pays des BRICS+ ont décidé de concevoir leur propre système de paiement pour leurs échanges commerciaux, BRICS Pay. Une initiative inédite qui montre la volonté des BRICS+ de s’appuyer sur une infrastructure financière plus résiliente et autonome.
Depuis plusieurs années maintenant, les BRICS+, un regroupement de 9 pays à forte croissance (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Egypte, Émirats arabes unis, Ethiopie, Iran) travaillent sur un système de paiement indépendant et décentralisé visant à faciliter les transactions transfrontalières entre ses membres.
Baptisé BRICS Pay, ce projet « n’est plus simplement une idée. Il avance concrètement » déclarait Valentina Matviyenko, présidente du Conseil de la Fédération de Russie à la fin du mois d’août. Et pour cause, cette semaine, les BRICS+ ont présenté une démonstration de leur système de paiement en amont de leur sommet annuel qui se déroulera à Kazan, en Russie, du 22 au 24 octobre.
Le projet, notamment porté par la Russie qui préside les BRICS+ cette année, s’aligne sur la politique de dépolarisation du groupe. C’est pour réduire leur dépendance au dollar américain, utilisé dans 58 % des paiements internationaux hors zone euro en 2022, que le groupe des BRICS Pay a été créée.
Pour les responsables chinois du projet, ce système de paiement doit donner aux pays davantage de moyens de régler leurs échanges de biens et de services tout en renforçant leurs liens économiques sans passer par un tiers acteur.
Cette tendance à la dédollarisation s’est accélérée ces dernières années, notamment à cause des sanctions financières imposées par les États-Unis. Des pays comme la Russie ont même fait évoluer leur réglementation en matière de cryptomonnaies afin de réaliser des transactions à l’étranger sans avoir recours au dollar américain.
Grâce à la blockchain et à sa polyvalence, BRICS Pay prêt à devenir une véritable alternative au réseau SWIFT ?
D’un point de vue technique, les BRICS sont confrontés à une difficulté majeure. Leur solution doit inclure l’ensemble des systèmes de paiements existants de chaque pays participant afin qu’ils puissent réaliser leurs transactions commerciales dans leur monnaie fiduciaire locale. Ainsi, BRICS Pay se devait d’être compatible avec l’Interface de Paiement Unifié (UPI) utilisé en Inde et le système Mir russe, entre autres.
Le ministre russe des Finances, Anton Siluanov explique que « la nouvelle infrastructure de paiement transfrontalière sera basée sur des technologies avancées et permettra des transactions commerciales extérieures plus rapides et moins chères, sans interférence extérieure ». Selon certaines informations, le projet exploiterait la blockchain afin de valider les échanges entre pays ainsi que les transactions.
Si les BRICS+ venaient à prouver à l’avenir que leur système de paiement est efficace et résilient, BRICS Pay pourrait bien devenir une alternative sérieuse au réseau SWIFT largement exploité aujourd’hui pour les paiements internationaux.
C’est pourquoi Anton Siluanov a récemment interpellé le Fonds monétaire international (FMI), lui suggérant de proposer un outil similaire à BRICS Pay en guise d’alternative au dollar américain.