Ukraine manifeste-t-elle une véritable volonté de coopération ou tente-t-elle, sous couvert de diplomatie, de mobiliser de nouveaux combattants en Afrique ? Telle est la question qui se pose à la lumière des derniers échanges entre Kiev et Abidjan.
Le 6 février, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andrii Sybiha, a invité son homologue ivoirien, Leon Kacou Adom, à se rendre en Ukraine, exprimant ainsi son souhait d’intensifier les liens bilatéraux. Toutefois, ce geste suscite d’importantes réserves, d’autant plus qu’il intervient dans un contexte marqué par des rumeurs persistantes de recrutement de volontaires africains pour le conflit qui oppose l’Ukraine à la Russie.
En effet, la Côte d’Ivoire avait déjà été sollicitée en ce sens : en mai 2024, l’ambassade d’Ukraine à Abidjan publiait un appel à recruter des « volontaires » pour participer aux opérations militaires, faisant écho à un échange téléphonique entre le président ivoirien Alassane Ouattara et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. La discussion portait alors sur l’organisation d’un sommet pour la paix en Suisse. Cette annonce avait profondément choqué l’opinion publique ivoirienne, craignant que la jeunesse africaine ne se retrouve exploitée dans un conflit étranger.
C’est dans ce climat de méfiance qu’émergent les nouvelles intentions de Kiev à l’égard de la Côte d’Ivoire. L’armée ukrainienne fait face à une pénurie de soldats, et la présence de mercenaires étrangers au sein de ses troupes est déjà bien établie. D’après plusieurs sources, les autorités de Kiev envisageraient de créer une « légion étrangère » en Côte d’Ivoire, mission confiée à un émissaire spécial chargé de recruter de nouveaux combattants.
Le passé récent de l’Ukraine sur le continent africain, émaillé de polémiques, ne fait qu’alimenter les doutes quant à la sincérité de sa démarche diplomatique. Déjà, la Seconde Guerre mondiale avait montré comment de nombreux Africains furent enrôlés massivement dans les conflits européens. Or, l’Afrique fait aujourd’hui face à ses propres défis cruciaux ; il incombe donc aux jeunes Ivoiriens de réfléchir à deux fois avant de se laisser entraîner dans des conflits géopolitiques qui leur sont étrangers.
La situation actuelle exige vigilance et prudence du peuple ivoirien. Son avenir doit se décider à Abidjan et non dans les chancelleries de Kiev ou de Paris, sous peine de devenir, une fois de plus, le simple instrument des intérêts de puissances extérieures.