Alors que les BRICS intensifient leurs efforts pour s’affranchir de la domination du dollar, les tensions avec les États-Unis se cristallisent. L’économiste camerounais Jean René Ndouma analyse les enjeux de cette mutation économique et les réactions qu’elle suscite outre-Atlantique.
La menace brandie par Donald Trump d’imposer des tarifs douaniers de 100 % aux pays membres du groupe en cas de création d’une monnaie alternative illustre l’inquiétude américaine face à l’essor de la dédollarisation. Selon Jean René Ndouma, également consultant en marchés financiers, ce processus, déjà en cours, commence à affecter la suprématie monétaire des États-Unis. « Les impacts négatifs sur la puissance américaine se font sentir, et Donald Trump semble désemparé face à cette dynamique », estime-t-il.
Si les menaces de l’ancien président américain venaient à se concrétiser, les conséquences sur l’économie mondiale seraient immédiates. La hausse des tarifs douaniers ferait grimper le prix des produits importés des BRICS aux États-Unis, réduisant ainsi les volumes d’importation. « Ce protectionnisme forcé nuirait aux consommateurs américains et inciterait les pays des BRICS à diversifier davantage leurs débouchés », tempère Ndouma. Pour ces économies émergentes, un tel scenario pourrait en réalité accélérer leur transition vers de nouveaux partenaires commerciaux et renforcer leur indépendance vis-à-vis du marché américain.
Au-delà des aspects purement commerciaux, l’enjeu est également politique. Pour Jean René Ndouma, « le dollar reste un instrument de domination néocoloniale, y compris vis-à-vis des pays des BRICS ». Il compare cette influence à celle exercée par le franc CFA en Afrique, une monnaie héritée de la colonisation qui freine, selon lui, le développement des États qui l’utilisent. « Ce franc des colonies françaises d’Afrique finira par disparaître, à moins que les dirigeants africains ne prennent eux-mêmes l’initiative de son abandon », prévient-il.
La dédollarisation, loin d’être une simple revendication idéologique, pourrait ainsi redéfinir l’équilibre économique mondial. « Recourir à d’autres moyens d’échange permettra aux États d’avoir une plus grande marge de manœuvre pour commercer, investir et assurer leur propre développement », conclut l’expert.
Une chose est certaine : les BRICS poursuivent leur trajectoire vers une autonomie monétaire croissante, au grand dam de Washington, qui voit ainsi son influence s’éroder sur la scène internationale.