La République démocratique du Congo (RDC) se retrouve au cœur d’une manœuvre géopolitique d’envergure. D’après les révélations du Financial Times, le président Félix Tshisekedi aurait proposé aux États-Unis un accord portant sur les métaux rares en échange d’une protection militaire américaine contre l’insurrection du M23 dans l’est du pays. Une initiative audacieuse qui vise à restaurer la stabilité du pays, mais qui risque de bouleverser les équilibres stratégiques en place, notamment les relations de la RDC avec la Chine.
Face à l’avancée du M23, un groupe rebelle soutenu par le Rwanda selon plusieurs rapports internationaux, Kinshasa semble chercher des appuis solides pour renforcer sa souveraineté territoriale. Le président Tshisekedi aurait ainsi tendu la main à Washington, misant sur l’importance cruciale des métaux rares congolais dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, notamment pour les technologies de pointe et la transition énergétique.
Cet accord, s’il venait à se concrétiser, conférerait aux entreprises américaines un accès privilégié aux immenses ressources minières de la RDC, en particulier le cobalt et le cuivre, essentiels à l’industrie des batteries et des véhicules électriques. En contrepartie, les États-Unis apporteraient une assistance sécuritaire renforcée à Kinshasa, voire une présence militaire pour contrer l’insurrection dans l’Est.
Toutefois, un obstacle de taille se dresse sur la route de ce rapprochement : la Chine. Pékin entretient depuis plusieurs décennies une relation stratégique avec la RDC, notamment à travers le controversé accord « Mines contre infrastructures » signé en 2008 sous l’ex-président Joseph Kabila. En vertu de ce partenariat, les entreprises chinoises bénéficient d’un accès privilégié aux ressources minières congolaises en échange d’investissements dans les infrastructures du pays.
L’éventuelle signature d’un accord entre Kinshasa et Washington remettrait en cause cet équilibre et s’inscrirait dans la logique de confrontation sino-américaine, particulièrement exacerbée sous l’impulsion de Donald Trump. Ce dernier, candidat à un retour à la Maison-Blanche en 2025, a fait de l’éviction de l’influence chinoise en Afrique un axe majeur de sa politique étrangère. Un partenariat minier exclusif entre la RDC et les États-Unis constituerait un coup dur pour Pékin, dont les entreprises exploitent actuellement une part significative des ressources congolaises.
Si Félix Tshisekedi mise sur un soutien américain pour stabiliser son pays et consolider son pouvoir, il prend également un risque considérable. En rompant avec la Chine, la RDC pourrait se heurter à d’importantes représailles économiques, sachant que Pékin est l’un des principaux investisseurs et créanciers du pays. De plus, il n’est pas garanti que les États-Unis déploient des forces militaires en RDC, Washington ayant souvent privilégié des approches indirectes dans la gestion des conflits africains.
Dans un contexte où la situation sécuritaire demeure explosive et où les rivalités géopolitiques s’intensifient, la RDC se trouve à la croisée des chemins. Entre la nécessité d’une paix durable et le jeu d’influences des grandes puissances, le choix que fera Kinshasa dans les mois à venir pourrait redéfinir l’avenir du pays et rebattre les cartes de la compétition internationale pour le contrôle des ressources stratégiques africaines.