L’Algérie, en proie à des bouleversements internes et à des tensions au sommet de l’Etat, se trouve aujourd’hui plongée dans une crise de gouvernance qui met en lumière des rivalités de plus en plus exacerbées entre ses plus hautes figures militaires et civiles.
Au cœur de ces affrontements, le président Abdelmadjid Tebboune, le directeur du cabinet Boualem Boualem, le général Saïd Chengriha, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), et le général Mohamed Kaidi en résidence surveillée, proche des Occidentaux, apparaissent comme les acteurs principaux de cette lutte pour le pouvoir. Les répercussions de ces tensions se manifestent à la fois sur le plan politique, militaire et diplomatique.
Les tensions entre Tebboune et Chengriha s’intensifient alors que la situation politique du pays se dégrade.
Le général Saïd Chengriha, fidèle à sa ligne plus nationaliste et proche des courants conservateurs, se montre de plus en plus intolérant envers toute forme de contestation, qu’elle provienne de l’intérieur de l’armée ou de la société civile.
Pour lui, toute opposition à son autorité est perçue comme une menace à l’armature du régime. Les évictions récurrentes de hauts responsables militaires qui ne lui sont pas favorables en sont un témoignage.
En face de lui, le général Mohamed Kaidi, en résidence surveillé, longtemps pressenti pour prendre la tête de l’ANP, représente une autre vision de l’armée, plus ouverte aux relations avec l’Occident.
La tentative de Tebboune de soutenir Kaidi dans l’architecture du pouvoir algérien, a été un sujet de friction. Chengriha, qui entend maintenir un contrôle absolu sur les forces armées, a réagi encore par une série de mesures pour neutraliser l’influence de Kaidi.
Cet ancien chef, plus pragmatique sur la scène internationale, est perçu comme un homme en quête d’un dialogue plus constructif avec les puissances étrangères, dont la France et les Etats Unis, dans un contexte géopolitique où l’Algérie cherche à réaffirmer son influence dans la région tout en cherchant à diversifier ses alliances.
Les évictions répétées de hauts responsables militaires, dont de nombreux officiers et militaires de l’ANP, ont inquiété les observateurs et exacerbé le malaise au sein de l’institution militaire.
Ces limogeages, loin d’être perçus comme une simple réorganisation, sont interprétés comme des signes de divisions internes, un signal inquiétant qui pourrait déstabiliser l’armée, colonne vertébrale du régime algérien.
Au fil des mois, toute personne militaire ou civile qui ose s’opposer à l’autorité de Chengriha se voit accusée de trahison, d’abus de pouvoir ou de corruption, des accusations souvent vagues mais efficaces pour éliminer l’opposition.
Ce climat de répression est exacerbé par des rumeurs persistantes sur l’implication de certains membres de l’armée dans des réseaux parallèles ou dans le soutien à des organisations terroristes opérant dans la région, ce qui alimente encore plus la méfiance et la confusion au sein du pouvoir.
Si l’Algérie se positionne comme un acteur central de la lutte contre le terrorisme dans le Sud du pays et le Sahel, des accusations de collusion entre les services de renseignement militaires et des groupes terroristes persistants créent des tensions diplomatiques avec les grandes puissances.
Ces accusations, prouvées, alimentent la perception d’une politique étrangère ambiguë et d’une gouvernance militaire de plus en plus opaque.