Selon les rapports de la Banque africaine de développement (BAD), de nombreux pays africains progressent en matière d’intégration commerciale, mais rencontrent des difficultés en ce qui concerne le développement des infrastructures et l’intégration de la production. Ces disparités entravent la dynamique économique du continent et nécessitent un investissement accru dans des projets d’infrastructure d’envergure.
Des initiatives telles que le Port Atlantique de Dakhla et le corridor de N’Djamena apparaissent comme des solutions stratégiques destinées à renforcer la connectivité régionale et à favoriser un commerce plus fluide au sein du continent.
L’optimisation des infrastructures de transport est un levier essentiel pour réduire les coûts commerciaux et stimuler le commerce intra-africain. Selon les indices de performance logistique (IPL), la facilité des échanges et la connectivité maritime influencent directement l’intégration économique régionale. Le port de Tanger Med, avec ses connexions directes vers plus de 180 ports internationaux, illustre parfaitement le rôle des hubs logistiques performants dans la dynamisation des échanges commerciaux.
Toutefois, la faiblesse des infrastructures et la fragmentation des réseaux restent des obstacles majeurs à une intégration régionale efficace. La présence de corridors performants pourrait permettre d’optimiser les chaînes d’approvisionnement et d’accroître la compétitivité des produits africains sur les marchés mondiaux.
Le développement des corridors de transport en Afrique est entravé par plusieurs facteurs :
- Héritage colonial et fragmentation structurelle : Les infrastructures historiques étaient principalement conçues pour l’exportation des ressources naturelles vers les métropoles coloniales, ce qui a limité la connectivité intra-africaine.
- Dépendance au financement extérieur : La majorité des projets d’infrastructures repose sur des investissements étrangers (Chine, France, Turquie, Japon), ce qui expose les pays africains à une vulnérabilité financière accrue.
- Gouvernance fragmentée et manque de coordination : La multiplication des acteurs impliqués (gouvernements, institutions régionales, bailleurs de fonds, entreprises privées) complique la mise en œuvre de projets cohérents.
- Faible entretien des infrastructures : L’absence d’une stratégie d’entretien efficace entraîne la détérioration des routes et une hausse des coûts de transport.
- Faible intégration commerciale intra-africaine : Les corridors de transport bénéficient souvent plus au commerce international qu’au commerce intra-africain.
Le corridor N’Djamena-Dakhla : une nouvelle dynamique pour le Sahel
Les pays du Sahel souffrent d’un enclavement géographique et d’un isolement économique. Le développement du corridor N’Djamena-Dakhla représente une opportunité unique pour leur intégration aux circuits commerciaux mondiaux. Ce corridor permettrait de réduire les coûts logistiques, d’améliorer la connectivité et d’accroître la compétitivité des exportations des pays enclavés.
L’initiative royale marocaine en faveur d’une ouverture du Sahel vers l’Atlantique constitue une avancée majeure. Lors de la réunion ministérielle de décembre 2023 à Marrakech, les pays du Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad) ont exprimé leur intérêt à rejoindre cette initiative, avec le soutien du Maroc pour la mise en place des infrastructures nécessaires.
Perspectives économiques du projet
Le port Atlantique de Dakhla, avec un investissement estimé à 1,2 milliard de dollars, se positionne comme un hub logistique majeur pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel. Prévu pour 2029, il aura une capacité initiale de 35 millions de tonnes de marchandises par an et sera relié au Sahel via un réseau de corridors combinant routes et chemins de fer sur près de 5 000 km.
Les projections indiquent que ce corridor pourrait générer plus de 150 000 emplois d’ici 2035 et accroître les échanges commerciaux entre le Maroc, la Mauritanie et le Sahel. Selon des estimations, la mise en service du corridor pourrait réduire de 20 à 30 % les coûts et les délais d’exportation, générant un potentiel commercial additionnel de 3,08 milliards de dollars.
Les échanges entre le Maroc et les pays sahéliens pourraient connaître une forte progression. Actuellement, le volume des exportations marocaines vers ces marchés est de 300 millions de dollars, alors que le potentiel commercial est estimé à 2,23 milliards de dollars, soit un taux de réalisation de seulement 11,44 %.