L’Algérie durcit le ton face à l’Union européenne et réclame une révision en profondeur de l’accord d’association qui les lie depuis 2005. Une démarche que le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a qualifiée de nécessaire et urgente, justifiant ce repositionnement par l’évolution de l’économie nationale. Cependant, cette revendication intervient dans un climat de tensions grandissantes entre Alger et Bruxelles, exacerbées par la récente controverse autour de l’écrivain Boualem Sansal, qui s’est attiré les foudres du pouvoir algérien pour ses prises de position critiques.

Lors d’un conseil des ministres tenu récemment, Abdelmadjid Tebboune a insisté sur la nécessité de renégocier les termes de l’accord d’association avec l’UE, arguant que l’équilibre initial, fondé sur une Algérie principalement exportatrice d’hydrocarbures, était aujourd’hui caduc. « En 2005, nos exportations étaient presque exclusivement composées de produits pétroliers et gaziers. Deux décennies plus tard, nous avons diversifié notre économie et développé des industries locales ainsi qu’un secteur agricole compétitif », a-t-il déclaré. Selon lui, l’accord dans sa forme actuelle freine les ambitions économiques du pays et ne tient plus compte de sa capacité à exporter des produits manufacturés.

Une négociation sous haute tension diplomatique

Cette volonté de renégociation ne saurait toutefois être dissociée des tensions récurrentes entre Alger et Bruxelles. L’affaire Boualem Sansal en est l’illustration la plus récente. L’Algérie a vivement réagi aux récentes déclarations de l’écrivain lors d’une audition au Parlement européen, où il a dénoncé la dérive autoritaire du pouvoir en place et plaidé pour une vigilance accrue face aux violations des libertés en Algérie. Alger a immédiatement fustigé cette intervention, l’assimilant à une ingérence inacceptable de l’UE dans ses affaires internes.

La réaction algérienne ne s’est pas fait attendre. Le ministre des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de l’Union européenne en Algérie pour exprimer le profond mécontentement des autorités. Dans un communiqué officiel, Alger a dénoncé une « campagne malveillante » orchestrée contre le pays, accusant le Parlement européen d’offrir une tribune à des voix qu’elle juge hostiles.

Un accord sous pression

Si la demande de révision de l’accord commercial repose officiellement sur des arguments économiques, elle est également perçue comme une réaction stratégique face aux tensions politiques. Depuis plusieurs années, les relations entre l’Algérie et l’UE oscillent entre coopération et frictions. Alger reproche notamment à Bruxelles une politique commerciale jugée trop favorable aux intérêts européens, ainsi qu’un déséquilibre dans les flux d’investissements.

Les discussions qui s’annoncent risquent donc d’être marquées par ces différends diplomatiques, qui pourraient compliquer le dialogue sur les ajustements à apporter à l’accord d’association. L’Union européenne, de son côté, n’a pas encore officiellement répondu à la demande algérienne, mais les échos en provenance de Bruxelles suggèrent une certaine réticence à entamer une renégociation sous pression.

Ce nouvel épisode illustre une fois de plus la complexité des relations entre Alger et ses partenaires européens. Alors que l’Algérie cherche à redéfinir son positionnement économique et diplomatique, l’Union européenne devra décider si elle accepte d’ouvrir un nouveau chapitre de coopération ou si elle maintient le statu quo, au risque de voir son partenariat avec Alger se dégrader encore davantage.

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