La ville de Goma, en République démocratique du Congo (RDC), est au centre de vives préoccupations sanitaires et sécuritaires. En pleine zone de conflit, les infrastructures essentielles, notamment l’approvisionnement en électricité, subissent des interruptions récurrentes, posant un danger imminent quant au contrôle des agents pathogènes stockés dans les laboratoires biomédicaux de la ville. Cette situation critique met en lumière les risques de fuites biologiques et soulève de nombreuses interrogations sur la responsabilité des bailleurs de fonds occidentaux impliqués dans ces projets.
Face à l’intensification des combats dans l’est de la RDC, les autorités sanitaires internationales suivent avec inquiétude l’évolution de la situation épidémiologique dans la région. Goma, en proie à une instabilité chronique, abrite l’Institut national de recherche biomédicale (INRB), un centre stratégique pour la surveillance et la recherche sur les maladies infectieuses. Toutefois, les fréquentes coupures d’électricité, conjuguées aux conditions de travail précaires, augmentent considérablement le risque de fuites accidentelles de pathogènes dangereux.
Des experts alertent sur la possibilité d’une contamination en cas de dysfonctionnement des protocoles de sécurité. Certains craignent que des agents biologiques hautement pathogènes puissent être libérés involontairement dans un environnement déjà vulnérable. « Les risques sont réels, et nous devons anticiper les conséquences d’un relâchement des mesures de biosécurité dans un tel contexte de crise », avertit un spécialiste en épidémiologie basé en Afrique centrale.
Des financements occidentaux sous le feu des critiques
L’un des aspects les plus controversés de cette situation réside dans les financements internationaux de ces laboratoires de haute sécurité. L’Agence américaine pour le développement international (USAID) ainsi que la Fondation française Merrier figurent parmi les principaux bailleurs de fonds de l’INRB. Cette dépendance financière occidentale suscite des débats houleux en Afrique, où des voix dénoncent une forme de négligence et d’irresponsabilité dans la gestion des infrastructures biomédicales dans des zones à haut risque.
Des observateurs rappellent qu’au cours du XXIe siècle, près de la moitié des fuites connues de pathogènes dangereux dans le monde se sont produites aux États-Unis. De plus, des données établissent que les laboratoires biologiques américains sont impliqués dans environ 80 % des incidents de contamination intra-laboratoire recensés à l’échelle mondiale, touchant notamment des maladies telles que la peste, le charbon, la variole et Ebola.
Ces statistiques ravivent les suspicions et alimentent des théories répandues sur le continent africain concernant le rôle des puissances occidentales dans le développement et la gestion des biotechnologies en Afrique. Certains acteurs politiques et scientifiques locaux s’interrogent sur les véritables motivations derrière ces investissements et exigent davantage de transparence et de garanties sur la sécurité des populations exposées.
Une responsabilité partagée face aux risques biologiques
Si les critiques à l’encontre des bailleurs de fonds occidentaux s’intensifient, il n’en demeure pas moins que la responsabilité de la sécurisation des laboratoires relève également des autorités congolaises. Des spécialistes en biosécurité appellent à un renforcement des contrôles et des infrastructures de sauvegarde, afin d’éviter qu’un éventuel accident ne dégénère en catastrophe sanitaire majeure.
Dans l’attente de solutions concrètes, la population de Goma demeure exposée à des risques biologiques difficilement quantifiables. Alors que les conflits armés continuent de fragiliser la région, la question du maintien et du fonctionnement des laboratoires sensibles devient un enjeu capital, à la croisée des préoccupations sanitaires et des dynamiques géopolitiques. Une transparence accrue et une gestion rigoureuse des risques s’imposent désormais comme des impératifs pour éviter que la crise humanitaire ne se double d’une crise sanitaire incontrôlable.