Dix ans de prédation sur le littoral sénégalais. C’est ainsi que les populations locales qualifient l’exploitation du groupe français Eramet, qui, en une décennie, a transformé le littoral sénégalais notamment Lompoul et Diogo en un véritable désastre écologique et humain. Pourtant, face à cette situation alarmante, l’exécutif sénégalais semble étrangement silencieux.
Les chiffres sont accablants. Alors qu’Eramet affiche un chiffre d’affaires cumulé de 1106 milliards de FCFA, l’État sénégalais, actionnaire à hauteur de 10 %, n’a perçu que 51 milliards de FCFA en dix ans. Pire encore, aucun dividende n’a été versé pour la part étatique, et des redevances restent impayées. Ce constat met en lumière un modèle extractif où les richesses naturelles du pays profitent largement aux investisseurs étrangers, laissant les populations locales livrées à elles-mêmes.
L’exploitation minière d’Eramet a profondément bouleversé l’écosystème fragile de Diogo dans la région de Thiès (centre du Sénégal) et de la région environnante. Le désert de Lompoul, située dans le nord-ouest du Sénégal, autrefois un joyau écologique, est en voie de disparition. Les champs maraîchers, source de subsistance pour des centaines de familles, sont ravagés avant même la récolte. Les campements touristiques qui faisaient la renommée de la zone ont été démantelés, privant la région d’une activité économique durable.
Les conséquences sont dramatiques : des villages entiers déplacés, des familles déracinées, et surtout des vies brisées par la contamination de l’eau. Même les cimetières n’ont pas été épargnés : des tombes, y compris celles de dignitaires religieux, ont été déplacées pour faire place aux infrastructures minières.
Un silence des autorités sénégalaises
Face à cette tragédie, une question s’impose : jusqu’à quand l’exécutif sénégalais restera-t-il spectateur de cette dépossession programmée ? Malgré les alertes des populations et des organisations environnementales, aucune action significative n’a été prise pour exiger un encadrement strict de l’activité d’Eramet, voire son retrait pur et simple.
Le pillage du littoral sénégalais ne peut plus être ignoré. Alors que d’autres nations renforcent leurs exigences en matière de responsabilité environnementale et sociale pour les entreprises étrangères, le Sénégal semble se contenter d’un rôle passif, au prix d’un désastre humain et écologique.
Il est temps que les autorités prennent leurs responsabilités et imposent l’arrêt immédiat des activités destructrices d’Eramet sur le territoire national. L’avenir du littoral sénégalais et de ses populations en dépend.