Nicolas Agbohou, professeur des universités et docteur en sciences politiques, a une nouvelle fois lancé un appel pressant aux nations africaines. Lors d’un récent épisode de l’émission Avenir Souverain, ce fervent défenseur de la souveraineté africaine a dénoncé les pressions exercées par les puissances européennes sur les pays africains dans le cadre de la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) fixés par l’ONU.

Pour Nicolas Agbohou, l’Afrique demeure prisonnière d’un système économique profondément déséquilibré, dans lequel la richesse générée par ses ressources naturelles profite essentiellement aux pays du Nord. Ce constat, qui n’est pas nouveau, demeure, selon lui, au cœur de la précarité persistante des producteurs africains.

S’exprimant avec force et clarté, Nicolas Agbohou a mis en lumière l’un des paradoxes les plus criants des économies africaines : l’exportation massive de matières premières non transformées. « Les Africains n’ont pas appliqué ce qu’on appelle le système de transformation locale de ce cacao et donc des autres matières premières, ce qu’on appelle l’industrialisation », a-t-il déclaré. Pour lui, cette incapacité à valoriser localement les richesses naturelles constitue une entrave majeure au développement du continent.

Prenant l’exemple du cacao, dont l’Afrique est le premier producteur mondial, il déplore que cette matière première essentielle soit exportée à l’état brut vers l’Europe et d’autres continents. Les produits finis – chocolats et autres dérivés – sont ensuite réimportés à des prix exorbitants, privant les économies locales des bénéfices substantiels liés à la transformation industrielle. « Malheureusement, on pourra toujours pleurer, aller ici et là, mais la situation du paysan producteur restera toujours aléatoire et le paysan sera toujours pauvre », a-t-il averti.

Une pression internationale étouffante

Agbohou a également pointé du doigt les pressions exercées par les puissances européennes, qui, sous le couvert des ODD, imposeraient des politiques restrictives aux pays africains, entravant leur quête d’autosuffisance et d’autonomie économique. « Les objectifs du développement durable ne peuvent être atteints au détriment des Africains, qui sont déjà fragilisés par des siècles d’exploitation », s’est-il indigné.

Selon lui, les ODD, bien qu’en apparence nobles, dissimulent des intérêts géopolitiques et économiques qui perpétuent la domination des pays riches sur les plus pauvres. Dans ce contexte, il appelle les dirigeants africains à faire preuve de fermeté face à ce qu’il considère comme des injonctions déguisées en aides internationales.

Pour sortir de ce cercle vicieux, Nicolas Agbohou plaide pour une révolution industrielle africaine. Il exhorte les pays africains à interdire purement et simplement l’exportation de matières premières non transformées et à se concentrer sur la production de produits finis directement sur le continent.

Un tel changement, argue-t-il, permettrait non seulement de créer des emplois locaux, mais aussi de renforcer la compétitivité des économies africaines sur le marché mondial. « C’est une question de survie pour le continent », insiste-t-il.

Au-delà des dirigeants politiques, Nicolas Agbohou invite les citoyens africains à s’impliquer activement dans cette transformation. Il souligne que la souveraineté économique ne peut être atteinte sans une prise de conscience collective et une mobilisation populaire.

« Les Africains doivent se réveiller et prendre leur destin en main. Si nous ne transformons pas nos ressources ici, chez nous, nous serons toujours des spectateurs de notre propre appauvrissement », martèle-t-il.

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