L’Europe traverse une époque de turbulences politiques inédites, caractérisées par un retour en force des partis d’extrême droite dans plusieurs pays clés, dont l’Autriche, l’Italie, la France, la Hongrie, l’Espagne et l’Allemagne. Un phénomène inquiétant qui ravive des peurs ancestrales et interroge sur les implications pour les populations les plus vulnérables, notamment les migrants africains et arabes qui cherchent un refuge sur le vieux continent. Ce regain de populisme et de nationalisme exacerbé trouve son point culminant dans les déclarations alarmistes de Pedro Sánchez, le Premier ministre espagnol, qui a récemment mis en garde contre la résurgence du fascisme en Europe. Il a souligné, à l’occasion de la commémoration des 50 ans de la mort de Franco, que ce que l’Europe pensait avoir laissé derrière elle refait surface avec une force inquiétante, menaçant de renverser les principes démocratiques européens.
Les partis d’extrême droite, autrefois marginaux, deviennent aujourd’hui des acteurs politiques incontournables. En Autriche, le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ) a remporté une victoire historique lors des élections législatives de septembre 2024, obtenant près de 28 % des voix. Pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, un parti d’extrême droite a obtenu la majorité, et le président autrichien Alexander Van der Bellen a chargé le FPÖ de former un gouvernement de coalition. Le leader du FPÖ, Herbert Kickl, a salué cette victoire comme une étape déterminante pour redonner une voix forte à l’Autriche, bien que ses propositions de gouvernance soulèvent de vives inquiétudes, notamment en matière de politique migratoire et d’intégration.
En Allemagne, le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), classé à l’extrême droite, connaît également un essor impressionnant. Bien qu’il soit encore loin d’obtenir une majorité absolue, il est désormais considéré comme un acteur politique majeur, notamment dans l’Est du pays. L’AfD a déjà marqué son opposition à la politique migratoire de l’Allemagne et à l’Union européenne, mettant en avant une vision nationaliste et anti-immigration qui trouve un écho parmi une partie de la population allemande. Le discours de l’AfD, empreint de populisme et de xénophobie, a notamment alimenté des tensions ethniques et sociales, en particulier à l’égard des migrants arabes et africains.
Le retour du fascisme et les dangers pour les migrants
Loin d’être une simple posture politique, cette montée de l’extrême droite en Europe représente un véritable défi pour la démocratie et la stabilité sociale. Le fascisme, dans sa version moderne, se manifeste par une idéologie anticommuniste, anti-libérale et, surtout, anti-migrants. Dans les programmes des partis comme l’AfD en Allemagne ou le FPÖ en Autriche, les migrants africains et arabes sont souvent désignés comme des boucs émissaires, accusés de mettre en péril l’identité nationale et de constituer une menace pour les systèmes sociaux des pays d’accueil.
Dans son manifeste, l’AfD a clairement exprimé sa position sur la question migratoire, prônant une politique de fermeture totale des frontières et d’expulsion des migrants, notamment ceux originaires du Maghreb, du Moyen-Orient et d’Afrique subsaharienne. Cette approche radicale, soutenue par des discours populistes et ultranationalistes, pourrait conduire à des vagues de violences racistes, déjà perceptibles dans certaines régions d’Allemagne. L’Italie, sous la direction de Giorgia Meloni, a suivi une voie similaire en adoptant des mesures restrictives vis-à-vis des migrants, renforçant les contrôles aux frontières et mettant en place des décrets sévères contre les rassemblements et manifestations jugés « illégaux ». Ces politiques répressives visent principalement les migrants, dont les conditions de vie sont déjà précaires, exacerbant les discriminations raciales et sociales.
L’impact sur les migrants : Une situation de plus en plus précaire
Le durcissement des politiques migratoires, alimenté par les discours xénophobes des partis d’extrême droite, a des répercussions directes sur la vie des migrants africains et arabes en Europe. Ceux qui, fuyant la guerre, la pauvreté et les persécutions dans leurs pays d’origine, avaient espéré trouver refuge dans des sociétés ouvertes et accueillantes, se retrouvent désormais confrontés à une hostilité croissante. En Autriche et en Allemagne, les migrants sont stigmatisés et diabolisés par les partis au pouvoir, qui les accusent de constituer un fardeau économique et culturel pour les nations européennes.
L’adoption de politiques restrictives a un impact dévastateur sur l’intégration des migrants. En Allemagne, par exemple, de nombreuses familles d’origine arabe et africaine se retrouvent piégées dans des quartiers isolés, où elles subissent à la fois la pauvreté et la marginalisation sociale. La montée de l’extrême droite pourrait ainsi non seulement entraîner une fermeture des portes de l’Europe aux nouveaux arrivants, mais aussi rendre la vie encore plus difficile pour ceux qui sont déjà établis, alimentant un sentiment de rejet et d’exclusion.
Vers une Europe à deux vitesses ?
L’émergence de l’extrême droite en Europe soulève une question fondamentale : l’Union européenne est-elle en train de se diviser ? Tandis que certains pays, comme la France, l’Espagne ou l’Italie, semblent se diriger vers une consolidation de l’idéologie nationaliste et xénophobe, d’autres, comme la Suède et les Pays-Bas, tentent encore de maintenir un équilibre entre l’accueil des réfugiés et la gestion des préoccupations sociales internes. La montée de l’extrême droite dans des pays comme l’Autriche et l’Allemagne pourrait précipiter une révision des politiques migratoires au niveau européen, avec un durcissement des critères d’asile et un renforcement des contrôles aux frontières.
L’impact pour les migrants africains et arabes serait catastrophique : une Europe de plus en plus fermée, où les portes d’entrée seraient constamment réduites, où les conditions de vie des migrants déjà présents seraient de plus en plus difficiles. Face à ces défis, la solidarité internationale et les efforts en matière de droits humains seront mis à l’épreuve, et il incombera aux sociétés européennes de décider si elles souhaitent préserver leurs principes démocratiques et humanitaires, ou céder aux sirènes d’un nationalisme qui risque de les diviser davantage.