L’année 2024 marque un tournant pour les startups africaines, alors que l’ensemble du continent fait face à une réduction des financements. Si certaines économies continuent de se démarquer, l’Afrique dans son ensemble présente un écosystème technologique en pleine mutation, avec des défis et des opportunités à saisir. Le Maroc, bien que bien positionné, doit intensifier ses efforts pour figurer parmi les leaders du continent, face à un environnement où les investisseurs deviennent de plus en plus exigeants.

L’Afrique, véritable terre d’opportunités pour les startups, est également un terrain de forte concurrence. En 2024, le continent a levé 2,2 milliards de dollars, un montant en baisse de 25% par rapport à 2023, et de plus de 52% par rapport aux 4,6 milliards enregistrés en 2022. Cette chute généralisée reflète la conjoncture économique mondiale incertaine, l’instabilité politique dans certaines régions, ainsi qu’une compétition accrue entre les pays pour attirer des financements.

Malgré cela, l’Afrique reste un pôle d’attractivité pour les investisseurs, surtout dans des secteurs comme la fintech, l’agritech, et l’énergie renouvelable, des domaines où les startups africaines, notamment en Afrique de l’Est et de l’Ouest, connaissent une croissance fulgurante. Mais cette dynamique est loin d’être homogène, car des disparités significatives existent non seulement entre les pays mais aussi au sein même des écosystèmes locaux.

Kenya, Nigéria, Égypte et Afrique du Sud en tête

Le rapport Africa: The Big Deal met en lumière la prédominance des quatre principales économies africaines qui concentrent à elles seules 84% des financements du continent. Le Kenya, avec 638 millions de dollars levés en 2024, reste l’indétrônable leader, suivi par le Nigeria (410 millions), l’Égypte (400 millions) et l’Afrique du Sud (394 millions). Ces pays ont su attirer des fonds grâce à des infrastructures solides, un cadre réglementaire favorable aux investissements, et un écosystème de startups en constante croissance. Le Kenya, par exemple, est un pionnier de la fintech en Afrique, attirant des investisseurs grâce à son système de paiement mobile, M-Pesa, devenu un modèle pour la région.

L’Égypte et le Nigéria se distinguent également par leur forte concentration d’investissements dans des secteurs clés comme l’intelligence artificielle, les technologies de la santé et les énergies renouvelables, des domaines dans lesquels les startups du Maroc doivent renforcer leur présence pour se faire une place.

Le Maroc, avec près de 70 millions de dollars levés en 2024, se classe cinquième parmi les pays africains, mais se trouve bien loin derrière les leaders du continent. Bien que cette performance soit respectable, elle soulève la question de la compétitivité du Royaume face à des géants comme le Kenya et le Nigéria. Cependant, dans un environnement global marqué par des incertitudes économiques, le Maroc parvient à dépasser des économies émergentes comme le Ghana, la Tanzanie, le Bénin ou encore le Sénégal, illustrant la résilience de son écosystème entrepreneurial.

Ce positionnement dans le top 5 reflète une véritable dynamique de croissance, soutenue par un cadre réglementaire favorable, une amélioration des infrastructures technologiques, ainsi que des initiatives publiques visant à promouvoir l’entrepreneuriat. Toutefois, pour véritablement se hisser parmi les leaders du marché africain, les startups marocaines doivent encore surmonter plusieurs obstacles. Les défis sont nombreux : l’accès au financement reste difficile pour de nombreuses jeunes entreprises, les plateformes de soutien à l’innovation sont encore en développement, et les relations avec les investisseurs étrangers, bien que positives, ne sont pas encore à la hauteur des attentes.

La baisse des financements

L’une des tendances les plus marquantes des derniers mois a été la baisse des financements, qui s’est particulièrement ressentie en Afrique du Nord et dans la région australe. En Afrique du Nord, le total des financements levés a chuté de 35% entre 2023 et 2024, avec un montant global de 478 millions de dollars. Cette baisse est principalement attribuable à l’Égypte, dont les financements ont chuté de 37%, bien que le pays continue de dominer la région en termes de montants levés. Le Maroc, bien qu’en retrait, a réussi à préserver une certaine stabilité, mais n’a pas été à même de compenser cette contraction.

Dans la région australe, l’Afrique du Sud a également connu un recul notable, enregistrant une baisse de 34% de ses financements, malgré sa position dominante avec 99,4% des investissements de la zone. Le pays reste un acteur clé, mais la concurrence se renforce dans un contexte où les investisseurs privilégient désormais les marchés à fort potentiel de croissance, comme ceux de l’Afrique de l’Ouest et de l’Est.

 

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