Ce dimanche soir, l’odeur du gaz flotte déjà dans l’air de Nouakchott, où le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko s’apprête à entamer une visite de trois jours, marquant un tournant stratégique dans la relation bilatérale entre le Sénégal et la Mauritanie. Ce déplacement, tant attendu par les autorités mauritaniennes et la communauté sénégalaise vivant en Mauritanie, revêt une importance particulière, car il intervient dans un contexte où le secteur gazier devient le moteur principal des échanges diplomatiques et économiques entre les deux pays voisins.
La visite de Sonko, qui se rend à Nouakchott pour la première fois en tant que Premier ministre, s’inscrit dans le cadre d’un renouveau des relations diplomatiques, déjà entamé par les visites officielles des présidents Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani et Bassirou Diomaye Diakhar Faye dans les capitales respectives en juillet et décembre 2024. Ces déplacements avaient jeté les bases d’une coopération renforcée, où le gaz joue un rôle central.
La clé de cette nouvelle ère réside dans l’exploitation du gisement gazier de Grand Tortue Ahmeyim (GTA), dont le premier puits a été mis en service le 31 décembre 2024. Ce projet gazier, fruit d’un partenariat stratégique entre les compagnies British Petroleum (BP), Kosmos Energy, la Société Mauritanienne des Hydrocarbures (SMH) et Petrosen, symbolise l’alliance énergétique naissante entre le Sénégal et la Mauritanie. En effet, le gisement, qui produira environ 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) par an, positionne les deux pays comme de véritables acteurs énergétiques régionaux.
Le Premier ministre Sonko sera accompagné d’une délégation importante, et il rencontrera son homologue mauritanien Moctar Ould Njaay pour discuter des avancées du projet et des implications socio-économiques du gaz sur les deux nations. Leur objectif est clair : optimiser les retombées économiques de GTA, afin de garantir une redistribution équitable des bénéfices et favoriser la création d’emplois dans les deux pays.
Avant cette visite de haut niveau, le ministre sénégalais de l’Énergie, Birame Souleye Diop, avait mené une mission discrète à Nouakchott, le 19 décembre, pour dynamiser les négociations autour du projet GTA. À bord d’un avion militaire, il avait formé une équipe d’experts dans le but de faire avancer les discussions et d’accélérer l’optimisation des ressources gazières. Ce travail de fond s’inscrit dans un comité stratégique, co-présidé par le ministre mauritanien de l’Énergie et du Pétrole, Mohamed Ould Khaled, et Birame Souleye Diop, visant à maximiser les bénéfices socio-économiques du projet.
Pour les deux pays, le gaz représente bien plus qu’une simple source d’énergie : il devient un levier essentiel de coopération régionale et un pilier pour le développement durable. Alors que le monde se tourne vers une transition énergétique, le Sénégal et la Mauritanie prennent de l’avance en devenant des producteurs majeurs de GNL, et cette nouvelle dynamique s’illustre par des engagements concrets à Nouakchott.
Le gaz devient ainsi le point de convergence des ambitions économiques des deux nations. L’optimisation des ressources, les investissements dans les infrastructures et les retombées économiques créent des liens durables qui, espèrent les dirigeants, dépasseront le simple cadre énergétique pour se traduire par une collaboration renforcée dans d’autres secteurs stratégiques. La diplomatie économique, à travers ce projet gazier commun, redéfinit les relations entre le Sénégal et la Mauritanie et offre un modèle de coopération régionale fondé sur des intérêts partagés et une vision commune de l’avenir énergétique.
Ainsi, avec la mise en production du Grand Tortue Ahmeyim, les deux pays renforcent non seulement leurs positions sur la carte énergétique mondiale, mais ils inscrivent également dans leur agenda commun un avenir basé sur la solidarité, l’innovation et le développement durable, offrant un exemple éclatant de coopération gagnant-gagnant