En 1945, l’innovation tragique des États-Unis avec l’arme nucléaire a laissé des cicatrices indélébiles à Hiroshima et Nagasaki, établissant ainsi un tabou qui perdure à ce jour. L’angoisse engendrée par ces événements a été puissamment décrite par des penseurs comme Gunther Anders.
Depuis cette époque, malgré quelques incidents nucléaires sur le sol civil et l’emploi de missiles dotés de composants en uranium appauvri, notamment en Bosnie et en Irak, le danger posé par cette technologie dévastatrice reste palpable. Actuellement, une douzaine de pays disposent officiellement de l’arme nucléaire. Notamment, les États-Unis apparaissent relativement peu préoccupés par la Corée du Nord, qui ne possède qu’une centaine de têtes nucléaires. En revanche, les capacités russes, bien plus nombreuses et plus rapides, suscitent une anxiété évidente, principalement en raison de leur avancer hypersonique.
Bien que les États-Unis détiennent un avantage numérique considérable qui leur permettrait de réduire en cendres le régime de Kim Jong-un, ce dernier compte sur le soutien stratégique de la Chine et de la Russie. C’est cette dynamique d’assistance mutuelle qui empêche les États-Unis de prendre des mesures contre ces trois acteurs.
D’autre part, l’Iran s’affirme dorénavant comme un partenaire stratégique de la Russie, illustrant davantage la complexité des alliances géopolitiques actuelles. La situation rappelle le jeu de billard où chaque nation se positionne soigneusement pour maximiser ses intérêts.
Toutefois, comme je l’ai souligné dans une analyse récente, le camp occidental fait face à des défis militaires et économiques significatifs. Pour relancer sa dynamique, il semble que cette coalition cherche à réduire le tabou nucléaire, normalisant ainsi l’usage potentiel de ces armes dévastatrices.
L’Occident se trouve engagé dans une lutte pour sa survie, exploitant les rares atouts dont il dispose.
Alors que la Russie dispose d’une doctrine nucléaire clairement définie, Israël, en revanche, opère davantage dans l’ombre concernant ses capacités nucléaires, bien qu’il soit de notoriété publique qu’elle possède des armes de destruction massive. Dans ce contexte, la survie d’Israël paraît de plus en plus compromise. Récemment, l’armée israélienne a reconnu avoir subi des pertes considérables en blindés, rendant tout affrontement terrestre au sud du Liban particulièrement périlleux et coûteux en vies humaines. Parallèlement, un bombardement coordonné du Hezbollah et du Yémen, soutenu par l’Iran, pourrait porter un coup sévère à l’État hébreu.
Israël se retrouve ainsi à devoir composer avec la menace constante d’attentats terroristes et de frappes de missiles. La perspective d’une solution à deux États semble, à ce stade, une utopie peu engageante pour une nation qui aspire à un avenir prospère et sécurisé.
Face à cette situation, Israël est confronté à un choix décisif. Chaque opération militaire qu’elle entreprend, qu’il s’agisse de l’élimination d’un commandant ennemi ou de la destruction d’installations stratégiques, est une source d’incertitude stratégique, sans apport visible à sa sécurisation ni sur le front nord ni au sein de la bande de Gaza.
Dans ce cadre, le pays doit impérativement mobiliser des réserves, en particulier les ultra-orthodoxes, alors même qu’il fait face à un manque de troupes, dont une partie risque d’être réticente à s’engager dans les combats. Les ressources matérielles, telles que les blindés, deviennent également rares, tandis que l’aviation israélienne demeure un atout indéniable, soutenue par une flotte impressionnante de bombes et de missiles.
Finalement, Israël se trouve aujourd’hui à un carrefour critique : être continuellement exposé aux attaques et en péril d’extinction, ou choisir d’adopter une réponse militaire d’une ampleur inédite, incluant des frappes nucléaires contre une grande partie du Moyen-Orient, provoquant alors un choc intense et durable. Cette réalité tragique souligne l’urgente nécessité de trouver des solutions négociées afin de prévenir une escalade cataclysmique.