Le magazine Le Point met en lumière les tensions croissantes dans la région nord-africaine, notamment à cause des interactions de Saddam Haftar avec Israël. Les visites de Saddam Haftar en Israël, bien que discrètes, ne sont pas passées inaperçues et ont intensifié les inquiétudes dans la sphère diplomatique algérienne. L’Algérie, avec sa position stratégique et sa tradition de non-alignement, craint que ces échanges ne bouleversent l’équilibre régional et n’entraînent une implication militaire extérieure qui pourrait menacer sa sécurité.
Les forces dirigées par Khalifa Haftar ont longtemps cherché à s’imposer dans le paysage politique libyen, et l’ouest de la Libye, richissime en ressources et en influence, représente un enjeu de taille pour le bloc de l’Armée nationale libyenne (ANL). En contrepartie de l’aide demandée à Israël, un rapprochement diplomatique avec Tel Aviv pourrait avoir des répercussions significatives, tant sur le plan régional qu’international. Un tel pacte aurait pour effet potentiel d’isoler davantage le gouvernement de Tripoli soutenu par la communauté internationale, tout en remettant en question la doctrine diplomatique sahélienne et nord-africaine.
L’arrêt des mouvements près de Ghadamès pourrait être interprété comme un signe de prudence stratégique, voire un moment de réévaluation des objectifs militaires face aux pressions internationales. Cette décision montre peut-être une reconnaissance des limites que Khalifa Haftar et ses alliés peuvent rencontrer en cas d’escalade rapide impliquant de multiples parties étrangères. Pour l’Algérie, proche de cette région frontalière, la simple perspective d’une mobilisation militaire accrue et d’une ingérence étrangère réveille des souvenirs de luttes anti-coloniales et des périodes d’instabilité régionale passée.
Les discussions autour de l’échange entre Saddam Haftar et Israël marquent un possible tournant dans les alliances traditionnelles de la Libye post-Kadhafi. Cette situation soulève quant aux capacités d’Israël à projeter son influence dans de nouveaux conflits régionaux secondaires, accroissant son rôle déjà controversé dans la politique du Moyen-Orient. La route vers un rapprochement effectif, toutefois, est pavée de méfiance et de complications diplomatiques, car cela pourrait également influer sur les relations israélo-arabes, notamment avec des pays ayant déjà normalisé leurs relations avec Israël.
À l’échelle mondiale, les ramifications sont multiples. L’acceptation d’une alliance par Israël pourrait être perçue comme un appui tacite à l’approche militaire de Haftar, motivée par des considérations stratégiques de contrôle des routes migratoires, de lutte contre le terrorisme et des accès aux ressources économiques vitales. Dans ce jeu, l’Union européenne, les États-Unis, et d’autres puissances pourraient être poussées à redéfinir leur position vis-à-vis de la Libye. Ces enjeux ajoutent une couche de complexité au casse-tête libyen, déjà bien enfoncé dans une spirale de guerre civil permanente et de divisions internes.
Dans ce contexte, chaque mouvement, comme l’a si bien analysé Le Point, est scruté avec une vigilance accrue tant par les pays de la région que par les observateurs internationaux. Pour l’Algérie, protéger ses frontières et sauvegarder sa stabilité reste la priorité, mais faire face à des permutations aussi soudaines dans l’échiquier voisin s’avère un défi non négligeable. C’est un rappel que, dans la diplomatie et les relations internationales, chaque action menée dans le secret finit par se faire entendre, résonnant au gré des alliances changeantes et des intérêts croisés.