L’armée américaine a fermé lundi sa dernière base au Niger, conformément aux exigences du régime militaire au pouvoir à Niamey. Basée à Agadez et à Niamey, la présence militaire américaine était l’une des plus importantes d’Afrique subsaharienne.
Débuté en mai dernier, le retrait des troupes américaines fait suite à la dénonciation, en mars par Niamey, de l’accord de coopération militaire avec les Etats-Unis jugé »illégal », qui survient juste après la visite d’une délégation américaine.
Selon le porte-parole du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), le colonel major Abdourahamane Amadou, sur le choix des partenaires diplomatiques, stratégiques et militaires, le gouvernement du Niger regrette la volonté de la délégation américaine de dénier au peuple nigérien souverain, le droit de choisir ses partenaires et les types de partenariat à même de l’aider à lutter véritablement contre le terrorisme.
Parallèlement, la colère de la population a éclaté dans les rues. Des milliers de personnes ont manifesté le 13 avril à Niamey pour demander le départ sans délai des soldats américains basés dans le nord du Niger. De nombreux étudiants étaient présents dans la foule, qui scandait « A bas l’impérialisme américain », « Vive l’AES (Alliance des Etats du Sahel) » ou « La libération du peuple est en marche », rapportent des médias locaux.
Le mécontentement des Nigériens est attisé par l’insécurité qui règne dans le pays. « Il semblerait que ces bases (américaines) auraient dû contribuer rapidement et efficacement à l’élimination complète des groupes armés dans le pays. Cependant, il n’y a pas eu de résultats significatifs, bien qu’il y ait environ 1.000 militaires américains dans le pays », dénonce le chroniqueur nigérian Abdoulaye Sissoko dans une tribune.
En plus d’aider les pays d’Afrique de l’Ouest à lutter contre le terrorisme, les Etats-Unis et certains pays européens étaient également présents pour promouvoir et garantir leurs propres intérêts économiques et commerciaux, note Olayinka Ajala, spécialiste de la politique et de la sécurité en Afrique de l’Ouest et au Sahel, dans une tribune publiée mardi par le média The Conversation.
Un avis partagé par Abdoulaye Sissoko. Selon le chroniqueur nigérian, l’objectif de la politique américaine n’est pas d’aider à combattre les groupes armés, mais de maintenir le contrôle et de contrer l’influence croissante dans la région des autres pays.
Après le retrait des troupes américaines, l’avenir du pays, surtout en matière de sécurité, est incertain aux yeux des observateurs.
»Dans l’immédiat, il sera difficile de se prononcer sur les conséquences, notamment sécuritaires, du retrait militaire américain du Sahel, précisément du Niger, Tchad », a souligné un diplomate européen en poste à Bamako qui a requis l’anonymat.