dimanche, septembre 8

Le 28 janvier 2024, les chefs militaires du Niger, du Mali et du Burkina Faso ont déclaré leur intention commune de quitter la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), présentant trois critiques substantielles à l’encontre de l’organisation régionale. Leur principal grief était que la CEDEAO s’est éloignée de sa vision fondamentale, ce qui implique que les influences étrangères ont détourné l’organisation régionale de ses valeurs essentielles au détriment du bien-être de ses États membres et de leurs populations. Les trois pays sahéliens ont également reproché à la CEDEAO de lui apporter un soutien insuffisant dans leurs luttes existentielles contre le terrorisme et l’instabilité, soulignant leurs efforts incessants pour neutraliser les factions jihadistes responsables de pertes considérables en vies humaines et du déplacement de millions de leurs habitants. Les pays ont également exprimé leur mécontentement face à la réaction de la CEDEAO face aux mesures autonomes prises pour faire face à leurs difficultés, qualifiant les sanctions du bloc d’injustes et de violation de ses statuts. Les pays ont soutenu que de telles sanctions n’avaient fait qu’intensifier ladifficultés des communautés déjà en proie à un conflit prolongé.

Cette annonce de retrait marque un tournant critique, susceptible d’affecter les relations diplomatiques, sécuritaires et économiques en Afrique de l’Ouest. Cette situation constitue un défi pour le projet de près de cinq décennies visant à créer un marché régional unifié, à permettre une collaboration économique et à présenter un front uni contre les menaces à la sécurité, notamment l’insurrection djihadiste et le crime organisé.

Dans une démarche remarquable vers une refonte de la coopération et de l’intégration régionales au Sahel, le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont fondé l’Alliance des États du Sahel par le biais de la charte du Liptako-Gourma le 16 septembre 2023. Cette formation a marqué un écart significatif par rapport aux initiatives passées. Il vise non seulement la défense collective mais également une confédération plus profonde et plus intégrée entre les trois États. Ce nouveau paradigme d’intégration vise à dépasser les efforts de collaboration précédents, en progressant vers une relation plus solide qui pourrait évoluer vers un cadre confédéral.

En effet, les ministres de l’Alliance des États du Sahel sont parvenus à un accord sur la création d’une confédération qui, par définition, est une union d’États indépendants qui, par un ou plusieurs traités, délèguent l’exercice de certains pouvoirs à des organismes communs destinés à coordonner leurs politiques dans divers domaines, sans toutefois constituer un nouvel État au-dessus des États membres. Contrairement à une fédération, une confédération respecte en principe la souveraineté de ses membres en vertu du droit international.

En outre, il existe une préoccupation régionale plus large selon laquelle l’intégrité démocratique des États voisins pourrait être compromise par des coups d’État ou la montée du populisme anti-occidental, reflétant une appréhension générale quant à une instabilité potentielle. Si la CEDEAO ne parvient pas à se réconcilier avec ces États, il sera impératif de rechercher des arrangements alternatifs répondant à des objectifs communs.

Cela impliquera de négocier un retrait mesuré avec les pays de l’Alliance des États sahéliens, de se concentrer sur la cohabitation pacifique et d’établir des protocoles clairs pour la transition des agences de la CEDEAO. Cela nécessitera la mise en œuvre de garanties pour les droits des citoyens, tant dans la nouvelle alliance que dans le reste de la CEDEAO, garantissant la liberté de mouvement, de travail et de résidence, tout en empêchant les expulsions généralisées. L’adoption de telles mesures pourrait atténuer les impacts négatifs de la fracture sur la sécurité régionale et la stabilité économique, soulignant ainsi l’importance d’un dialogue et d’une coopération continus dans la gestion des complexités de ce changement régional.

 

Les défis de la gouvernance dans un contexte d’incertitude

L’initiative pour une confédération du Niger, du Mali et du Burkina Faso vise à relever les défis complexes et les objectifs partagés au Sahel, en allant au-delà de la stratégie politique vers un engagement ancré dans la gouvernance collective. Cet effort vers une confédération structurée mais pas totalement unifiée s’appuie sur le principe de gouvernance conjointe, marquant une étape importante dans la consolidation de leurs efforts de coopération.

Cependant, cette initiative audacieuse nécessite une évaluation rigoureuse de sa faisabilité et de son calendrier, comme détaillé dans notre récente note d’orientation intitulée « De l’Alliance des États du Sahel à la Confédération des États du Sahel : le chemin est clair, mais semé d’embûches». Des questions se posent quant à l’état de préparation de cet effort visant à créer une confédération, dans le contexte de la situation politique, économique et sécuritaire actuelle des nations participantes. Le Policy Brief examine les motivations sous-jacentes à cet effort d’intégration et évalue la probabilité que l’élan de l’alliance soit maintenu. D’un autre côté, des obstacles potentiels – allant des perturbations de la sécurité à l’instabilité économique et politique – pourraient entraver les progrès de l’alliance, remettant en question sa faisabilité.

Le Sahel connaît de profonds changements politiques, encore compliqués parmenaces persistantes d’extrémisme violent, troubles politiques et conflits internes. Le péril jihadiste demeure avant toutau Mali, au Niger et au Burkina Faso, mais menace également d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. Par exemple, le Bénin a été confronté à plusieurs attaques dans sa région nord. L’expansion de ces groupes suggère que leur intention est de s’étendre également aux pays côtiers. Les départs anticipés du Niger, du Mali et du Burkina Faso de la CEDEAO sonnent l’alarme quant à la propagation du djihadisme et à l’instabilité politique en Afrique de l’Ouest. Une telle décision pourrait amplifier les risques pour les migrants de ces pays au Ghana,Côte d’Ivoire et Sénégal, et pourrait perturber les liens économiques essentiels dans toute la région. La Charte de l’Alliance des États sahéliens, compte tenu des points communs de ces États au-delà de la proximité géographique, n’exclut pas de nouvelles adhésions de pays confrontés à des situations similaires.

La transition vers une confédération doit être analysée dans une perspective globale. Sur le plan diplomatique, cela nécessite des négociations minutieuses pour garantir la faisabilité et le succès du projet, en cherchant à prévenir les tensions régionales. Sur le plan économique, cet effort exige l’unification des économies des trois pays à travers des politiques fiscales cohérentes, des réglementations commerciales et des améliorations des infrastructures. Sur le plan politique, cela implique de rassembler un soutien au sein de chaque pays, éventuellement grâce à une large participation du public, des débats et des réformes. Du point de vue de la sécurité, il est vital de renforcer la coopération militaire et les stratégies de défense entre les pays. Culturellement et socialement, promouvoir les échanges entre leurs citoyens pourrait favoriser un sentiment d’identité partagée et de soutien collectif.

Les dirigeants et les peuples de ces États sont motivés par un mélange de nécessité économique, d’aspirations politiques et de quête urgente de stabilité régionale. Avec leurs économies parmi les moins développées au monde, la confédération représente une voie stratégique pour tirer parti des forces collectives, visant à transcender la pauvreté et à favoriser la résilience économique.

Enfin, ces États parviendront-ils à terme à se mobiliser conjointement, à mutualiser leurs ressources et à faire face à leurs situations, pour garantir que cette organisation résiste aux défis et ne se dissolve pas, compte tenu du soutien limité disponible ?

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