Cinq ans après la fin annoncée du fcfa par Alassane Ouattara et Emmanuel Macron, les réformes concernant cette monnaie et son remplacement par l’Eco, patinent. Accusée par certains activistes de saboter les efforts des gouvernements africains, la France estime avoir fait sa part.
Pour la France, la poursuite des réformes liées au franc CFA ne relève que de la souveraineté des Etats qui l’utilisent. C’est ce qui ressort d’un entretien accordé par le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné , aux médias français RFI et France 24.
« Nous ne sommes plus dans la gouvernance, nous n’avons plus de réserves en France pour garantir la convertibilité de la monnaie », a souligné le ministre face aux journalistes. Et d’ajouter : « si les pays africains se mettent d’accord pour changer le nom et organiser différemment leur organisation monétaire, c’est de la souveraineté des Etats et nous voulons bien accompagner ce mouvement ».
Cette déclaration intervient alors que les discussions sur le fcfa ont repris de plus belle en Afrique de l’Ouest, où une grande partie de la population la considère comme une monnaie coloniale et un instrument de domination de la France. Ces derniers mois, ce discours a été repris par les gouvernements militaires au pouvoir au Mali, au Niger et au Burkina Faso qui ont déjà annoncé leur sortie de la CEDEAO, et indiqué que le fcfa serait la prochaine étape. De plus, l’arrivée au pouvoir du président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, qui a appelé à une réforme de cette monnaie, indique qu’elle pourrait à nouveau faire l’objet de débats nourris entre les pays de l’UEMOA.
Pour rappel, en 2019, le président ivoirien, Alassane Ouattara, lors d’une conférence de presse à Abidjan, avait annoncé la fin du fcfa et de la centralisation des réserves au Trésor français, et l’entrée en vigueur à venir de l’Eco, la monnaie unique de la CEDEAO. Mais 5 ans après cette annonce, les discussions n’ont toujours pas avancé. Alors que les experts évoquent des difficultés liées aux critères de convergence, certains activistes dénoncent une « mainmise » de Paris qui aurait peur de voir ses anciennes colonies échapper à son contrôle.
Pour Stéphane Séjourné, la France n’a plus son mot à dire sur d’éventuelles réformes à venir concernant cette monnaie. « Ce n’est pas à la France d’avoir un avis là-dessus. Nous avons fait notre part du chemin en sortant de la gouvernance du CFA, c’est maintenant aux Etats africains de décider » a-t-il souligné.